Chaque semaine, le philosophe Laurent De Sutter planche sur une question existentielle posée par un film. Cette semaine: y a-t-il un flic pour sauver la reine?
Frank Drebin est le flic le plus nul de l’histoire du LAPD: un policier dont le curriculum vitae se résumerait à l’inépuisable série de dégâts qu’il laisse derrière lui -s’il n’aboutissait pas toujours au succès dans ses enquêtes. Tel était le personnage que David Zucker, son frère Jerry et leur ami Jim Abrahams avaient conçu en guise de vedette d’une série télévisée à destination de la chaîne américaine ABC: Police Squad. La série ne dura que six épisodes, mais fut suivie d’une trilogie de films tout aussi loufoque et mettant en scène, comme elle, l’acteur Leslie Nielsen -trilogie dont le premier épisode était Y a-t-il un flic pour sauver la reine?
Son argument était simple: à l’occasion d’une visite officielle de la reine d’Angleterre, Drebin est chargé de veiller à ce que le séjour de celle-ci à Los Angeles se déroule sans anicroche -or le maître de cérémonie de l’événement est un individu louche. S’ensuivent une série d’embarras de plus en plus absurdes et de plus en plus douteux, conduisant l’inspecteur jusque dans la poitrine de la reine, qui en conçoit, comme on l’imagine, un certain émoi. Malgré ça, l’intuition de Drebin se montre juste: Vincent Ludwig (Ricardo Montalbán) est bien une crapule, à la fois auteur du meurtre du partenaire de l’inspecteur, mais aussi cerveau derrière un plan visant à se débarrasser de la reine.
Au bout d’un dernier tour de piste cataclysmique, dont d’innombrables innocents sont les victimes, Drebin arrête Ludwig, et sort à nouveau décoré de l’affaire -comme s’il fallait être le pire flic du monde pour être le meilleur. Car telle est bien la question posée par la série comme par la trilogie, une question déjà incarnée par l’inspecteur Clouseau dans les films de la série La Panthère rose de Blake Edwards: et si un bon flic ne pouvait conduire qu’à la catastrophe?
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