Nosferatu: fallait-il s’attaquer à l’un des plus grands classiques de l’horreur ?
Titre - Nosferatu
Genre - horreur
Réalisateur-trice - de Robert Eggers
Casting - Avec Bill Skarsgaard, Lily-Rose Depp, Nicholas Hoult.
Durée - 2 h 12
Robert Eggers signe un remake du Nosferatu de Murnau, grand classique de l’expressionnisme allemand de 1922. A la fois un hommage et une tentative de réinvention.
Fallait-il s’attaquer à l’un des classiques de l’horreur les plus emblématiques de tous les temps? On ne peut pas reprocher à Robert Eggers de manquer de culot, mais le réalisateur de The Witch, The Lighthouse et The Northman prouve une fois encore qu’il ne recule pas devant un défi, même lorsqu’il s’engage sur une terre cinématographique sacrée. Son Nosferatu est à la fois un hommage et une tentative de réinvention de l’histoire classique des vampires -issue du Dracula de Bram Stoker- bien que sa réinterprétation suscite plus l’admiration que l’émotion. Alors que F.W. Murnau a réalisé un chef-d’œuvre expressionniste avec sa Symphonie des Grauens (1922), vision apocalyptique d’une société malade, et que Werner Herzog a refait du vampire une tragédie romantique avec Phantom der Nacht (1979), Eggers cherche lui sa propre voie dans l’ombre de ces deux titans.
Le résultat est atmosphérique, soigneusement construit et d’un raffinement gothique, mais parfois un peu trop doux, comme si le film semblait parfois craindre sa propre âme, psychosexuellement perturbée. Eggers et son directeur de la photographie Jarin Blaschke, ont créé un monde sophistiqué, avec des tableaux vivants remplis d’ombres macabres et de panoramas obsédants qui font écho aux romantiques allemands Heinrich Füssli et Caspar David Friedrich. Mais aussi étonnantes que soient les images, elles ne parviennent pas toujours à mordre sur le plan émotionnel, ce qui réduit parfois Nosferatu à une fête gothique visuelle.
Néanmoins le personnage d’Ellen Hutter se voit conférer une urgence que ses prédécesseurs ne lui ont jamais accordée. Lily-Rose Depp crée en effet une tension sexuelle entre elle et le comte Orlok. Mais dans la peau de ce dernier, Bill Skarsgård n’est pas à la hauteur des monstres emblématiques du passé. Le vampire à l’allure de rat de Max Schreck dans le film original de Murnau avait une vraie animalité. Celui de Klaus Kinski était une tragédie théâtrale en chair et en os, tandis que Skarsgård, même s’il rugit, ressemble un peu trop au grand-père gothique de Pennywise.
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