Mostra de Venise: L’ennemi intérieur
Ciro Guerra oppose Johnny Depp à Mark Rylance dans une adaptation hypnotique de Waiting for the Barbarians, de J.M. Coetzee.
Premier film anglo-saxon du cinéaste colombien Ciro Guerra (L’empreinte du serpent, Les oiseaux de passage), Waiting for the Barbarians était aussi l’un des plus attendus de la Mostra, cette adaptation de l’écrivain sud-africain J.M. Coetzee s’appuyant sur un casting imposant, Johnny Depp, Mark Rylance et Robert Pattinson notamment. Située aux confins orientaux d’un Empire colonial indéfini, l’action a pour cadre un fort dirigé par le Magistrat (Mark Rylance), un fonctionnaire ayant veillé à vivre en bonne intelligence avec les populations indigènes. Jusqu’au jour où débarque le colonel Joll (Johnny Depp), officier des services de sécurité enquêtant sur l’existence d’une menace extérieure, et convaincu d’une prochaine attaque des Barbares – les nomades du désert. Certitude dont cet homme impitoyable se fera fort d’obtenir la confirmation avec des raffinements de cruauté, la torture étant à ses yeux (dissimulés derrière des lunettes de soleil) le moyen le plus commode d’arracher de prétendus aveux, prétextes à une intervention. Et le Magistrat de voir, effaré, le poison de la peur de l' »autre » se répandre, ennemi intérieur aussi insidieux que contagieux.
Sans totalement convaincre, Waiting for the Barbarians est néanmoins un film fascinant. S’il file la métaphore du fascisme ou de la guerre contre la terreur avec une finesse fort relative, et que les personnages peuvent sembler par trop monolithiques, Guerra s’y entend par contre pour installer une atmosphère étrange. Volontiers statique, sa mise en scène dispense ainsi une puissance hypnotique, renforcée encore par la majesté des paysages désertiques. Jusqu’à l’ultime plan, proprement sidérant…
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