Mostra de Venise: Le petit monde de Roy Andersson
Le maître suédois manie le désespoir burlesque avec maestria dans une série de vignettes laconiques.
Lion d’or en 2014 avec le formidable Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence, le Suédois Roy Andersson retrouvait le Lido cette année avec About Endlessness – une réflexion sur l’existence comme lui seul peut les composer. S’ouvrant sur une scène semblant empruntée à l’imagerie pieuse – un couple céleste flottant dans les airs -, le film consiste en une succession de plans fixes, autant de vignettes revisitant la condition humaine en mode burlesque comme pour mieux en souligner l’absurdité, à défaut de fil narratif plus précis. Le cinéaste, on le sait, ne se berce pas d’illusions, dont les personnages sont généralement figés dans le désespoir sous leurs masques blancs, déjà morts sans doute dans une mer d’indifférence et de cruauté désertée par la foi, l’Histoire surgissant à l’occasion au détour d’un plan – ainsi du nazisme et de la tragédie du XXe siècle.
Mais soit, si le réalisateur reste fidèle à une vision résolument désespérée, il ne se départit pas pour autant de son humour à froid, décliné au gré de situations cocasses qu’il relève d’une solide dose de poésie. De quoi faire de ce About Endlessness aussi singulier que désabusé une parenthèse (dés)enchantée…
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