Mostra de Venise: l’Amérique orpheline d’Andrew Haigh
Le cinéaste britannique s’attèle avec bonheur à un récit d’adolescence dans Lean on Pete. À l’abri de toute mièvrerie, l’un des temps forts de cette Mostra.
Le contexte est résolument différent, mais la caméra d’Andrew Haigh toujours aussi sensible: après s’être invité dans l’intimité d’un couple au long cours à la faveur de 45 Years, le cinéaste britannique s’attèle avec un même bonheur à un récit d’adolescence dans Lean on Pete, présenté en compétition. L’histoire s’ouvre à Portland, point de chute provisoire de Charley (Charlie Plummer), ado de 15 ans ballotté au gré de l’existence chaotique de son père en l’absence de mère. Et qui, livré pour l’essentiel à lui-même et ayant trouvé un job de garçon d’écurie, va se prendre d’affection pour Lean on Pete, cheval de course sur le déclin qu’il va tenter d’arracher à un destin funeste, en prélude à une équipée improbable dans l’Amérique côté (arrière-) cour.
Inspiré d’un roman de Willy Vlautin, Lean on Pete se déploie dans un horizon courant de l’Oregon au Wyoming. Mais si le film est inscrit dans l’espace américain, avec l’imaginaire qui lui est associé, il en propose aussi une vision à contre-jour. Les contours rassurants de l’Americana s’y effacent devant une réalité précaire à laquelle le cinéma ne s’attache que rarement, toile de fond d’un récit initiatique lumineux et douloureux à la fois auquel l’excellent Charlie Plummer imprime une fragile intensité. A l’abri de toute mièvrerie, l’un des temps forts de cette Mostra…
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