Mostra: At Eternity’s Gate, bien plus qu’un biopic de van Gogh
Julian Schnabel s’écarte judicieusement des chemins convenus du biopic et Willem Dafoe pourrait décrocher le prix d’interprétation.
La figure de Vincent van Gogh a régulièrement inspiré les cinéastes: après Vincente Minnelli (Lust for Life) et Maurice Pialat (Van Gogh), c’est donc au tour de Julian Schnabel de s’intéresser au peintre, pour un film qui s’écarte judicieusement des chemins convenus du biopic. Le maître néérlandais (Willem Dafoe, mimétique et d’une fragile intensité), le peintre-cinéaste new-yorkais, à qui l’on devait déjà un portrait de Basquiat, l’accompagne lorsqu’il quitte Paris pour Arles. Moins qu’une reconstitution linéaire d’un parcours qui le conduira encore à l’asile de Saint Rémy de Provence avant Auvers-sur-Oise, il opte toutefois pour une succession de scènes inspirées tantôt de son existence mouvementée, tantôt de ses toiles.
Si van Gogh y apparaît tel qu’en lui-même, torturé et dérivant entre délire et lucidité, Schnabel s’intéresse moins à l’artiste-maudit qu’au processus créatif, discuté notamment avec Paul Gauguin (Oscar Isaac), et à l’essence de son art, la mise en scène épousant le regard du peintre pour sembler se fondre avec ses toiles dans un effet de toute beauté. At Eternity’s Gate est ainsi un film tourné vers la lumière, soulignant le rapport quasi-mystique de van Gogh à la nature – « quand je suis devant un paysage plat, je vois une porte vers l’Eternité », observe-t-il. Et saluant le génie de l’artiste tourmenté, à son pic créatif au moment de sa disparition, en 1890, Schnabel écartant au passage la thèse du suicide pour privilégier celle du meurtre accidentel de la main de deux adolescents. Soit une oeuvre aussi passionnante qu’inspirante, en dépit de quelques tâtonnements – dans l’usage des langues notamment -, et une composition qui pourrait fort bien valoir à Willem Dafoe le prix d’interprétation.
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