Les débats s’embrasent sur le retour du loup en Europe? Et si on regardait Danse avec les loups

Danse avec les loups, de et avec Kevin Costner, un exemple pour la cohabitation.
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Voilà bientôt dix ans que le loup est réapparu en Belgique, après 100 ans d’absence. Alors que la cohabitation entre humains et meutes enflamme les débats, il est peut-être temps de revoir Danse avec les loups.

Certains n’ont pas hésité à parler d’une affaire personnelle. En septembre 2022, Dolly, le poney d’Ursula von der Leyen, était tué par un loup en Basse-Saxe. Un an plus tard, la présidente de la Commission européenne mettait en garde contre le «réel danger» des meutes, et en  juin dernier, le Conseil de l’Union européenne baissait le statut de protection du loup, d’espèce «strictement protégée» à «protégée».

Le redéploiement des loups en Europe –trois meutes sont officiellement établies en Belgique et la population a presque doublé en dix ans sur l’ensemble du territoire européen, avec 20.300 individus recensés en 2023– pose la question de notre cohabitation avec la faune sauvage, toujours plus délicate quand il s’agit de grands prédateurs. Et plus profondément, celle de notre peur de «l’autre».

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En 1990, un western d’un genre nouveau raflait sept Oscars, trois Golden Globes et l’Ours d’or au festival de Berlin. Kevin Costner, devenu célèbre grâce aux Incorruptibles (Brian De Palma, 1987), en signait la réalisation tout en incarnant le rôle principal: John Dunbar, lieutenant suicidaire miraculé des combats de la guerre de Sécession et muté, à sa propre demande, à Fort Hays, avant-poste en territoire indien, dans les grandes plaines de l’Ouest, sur la «frontière». A son arrivée, le fort est abandonné. Le lieutenant décide malgré tout d’y rester pour y accomplir son devoir. Sa solitude sera troublée (soulagée?) par les visites d’un loup peu farouche, qu’il baptise Chaussettes, et les rencontres, de moins en moins hostiles, de plus en plus amicales, avec ses voisins sioux. John Dunbar, ouvrant les yeux sur la cruauté de l’homme blanc et la sagesse des «sauvages», devient sioux sous le nom de «Danse avec les loups».

Ce film appartient à un petit cortège cinématographique apportant un autre point de vue sur les Amérindiens.

Michael Blake, scénariste du film de Costner, expliquait avoir été inspiré par l’essai historique Enterre mon cœur à Wounded Knee, de Dee Brown, publié en 1970, racontant l’histoire des Amérindiens dans l’Ouest américain à la fin du XIXe siècle avec un point de vue critique sur l’expansionnisme américain et ses effets sur les autochtones. Danse avec les loups appartient à un petit cortège cinématographique apportant dans les années 1990 un autre point de vue sur les Amérindiens. On y compte notamment Le Dernier des Mohicans, de Michael Mann (adapté du roman de James Fenimore Cooper, publié lui en 1826) et bien sûr Pocahontas, film d’animation de Disney contant l’histoire d’amour entre une Amérindienne et un Anglais, tout en critiquant la colonisation et l’ethnocentrisme européens. «Il n’y a rien à faire, avec ces païens d’Indiens! C’est une race de vipères, de bons à rien! Il faut tuer ces bêtes, d’une balle dans la tête, La vermine, moi, je l’extermine!», y chante le méchant gouverneur John Ratcliffe. Le cortège sera complété plus tard par des films comme The Revenant (2015), Killers of the Flower Moon (2023) ou encore la série Reservation Dogs (trois saisons à partir de 2021).

Sur La Première, dans l’épisode de l’émission L’histoire continue consacré au retour du loup, l’anthropologue belge Lucienne Strivay déclarait: «Le loup permet d’inculquer aux enfants l’ordre des hommes, en leur faisant peur de l’espace qui n’est pas celui du village et de la culture. C’est valable dans les cultures sédentaires, ce n’est pas le cas du tout dans les cultures nomades ou semi-nomades puisque chez les peuples amérindiens comme chez les Inuits, le loup était au contraire un être dont on n’avait pas peur, qui était bénéfique.» A méditer, en admirant les grands espaces épiques de Danse avec les loups.

 

 

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