Les 10 films qu’il ne fallait pas manquer en 2025: la sélection de nos 2 journalistes

Enzo, de Laurent Cantet, un des films qui a marqué 2025.

Nos journalistes cinéma ont fait le point sur 2025. Voici leurs tops 10 des meilleurs films sortis cette année, avec leurs critiques en lien.

Le Top 10 d’Aurore Engelen

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1. Enzo, de Laurent Cantet
Enzo, fils de bourgeois, ne se sent plus protégé par une classe sociale dominante qu’il rejette tout en ayant conscience d’en profiter. Entre travail manuel et éveil sensuel, au contact de Vlad, ouvrier ukrainien qu’il se prend à aimer autant qu’il l’envie, il cherche du sens. Avec ce drame aussi politique que sensoriel, Robin Campillo propose une réflexion fascinante sur l’adolescence comme force de résistance, et reprend avec passion et humilité un projet légué par feu Laurent Cantet.

2. Tardes de Soledad, d’Albert Serra

Avec Tardes de Soldedad, Albert Serra livre une vision hypnotique du spectacle de la corrida, posant un regard fracassant sur la rencontre entre la laideur ultime de la mort du taureau, la grâce des mouvements du torero et le ridicule ultime de la situation. Il convoque nos sens, et capture en plan serré la vérité du duel et du rituel, fort d’un travail sur le son saisissant, mettant en lumière l’éclat mortifère de la danse du torero. Un geste de cinéma débarrassé de tout didactisme, qui fascine autant qu’il incommode.

3. Kika, d’Alexe Poukine

Kika dresse le portrait d’une jeune femme veuve et amoureuse, mère et amante, fauchée et travailleuse (du sexe et des âmes). Le film aborde avec autant de trivialité que de profondeur des questionnements existentiels, les plongeant dans un quotidien où le réel ne cède pas à la fiction. Dans le rôle principal, Manon Clavel livre une performance vibrante, rendant possible le mélange radical des genres, où la comédie le dispute constamment au drame, comme pour nous rappeler que dans la vie, on pleure et on rit parfois en même temps.

4. The Voice of Hind Rajab, de Kaouther Ben Hania

All eyes on Gaza, semble nous dire Kaouther Ben Hania, partageant une nuit sous haute tension, dans un centre du Croissant Rouge de Ramallah, alors que les bénévoles reçoivent l’appel désespéré de Hind Rajab, 6 ans, coincée dans une voiture sous les tirs. Comme dans Les Filles d’Olfa, la cinéaste sonde une matière documentaire tout en usant des outils de la fiction pour donner corps au réel dans son implacable dureté, et dire l’incessante urgence des victimes civiles des conflits qui déchirent le monde.

5. L’Agent secret, de Kleber Mendonça Filho

Prix de la mise en scène et d’interprétation à Cannes pour le magnétique Wagner Moura (le héros de Narcos), O Agente Secreto est tout à la fois une charge acerbe contre la dictature militaire dans le Brésil des années 1970, une histoire «sous couverture», un film où chaque second et même petit rôle compte, un thriller sinueux, un clin d’œil au réalisme magique sud-américain, un millefeuille narratif et sensoriel étonnamment léger, servi par la réalisation virtuose de Kleber Mendonça Filho.

6. Black Dog, de Guan Hu

Guan Hu offre avec Black Dog le magistral récit d’un compagnonnage entre un homme et un chien, dans un film social lyrique et épique, où au maximalisme des paysages et à l’ampleur des plans répond le minimalisme du récit, resserré sur Lang, héros mutique, jusqu’à ce que la nature vienne remettre de l’ordre dans le chaos des humains. C’est le portait d’une Chine post-industrielle où le maître mot est l’abandon d’un monde à l’agonie où chacun tente une dernière fois de jouer son rôle dans la grande comédie sociale.

7. Nouvelle Vague, de Richard Linklater

Nouvelle Vague, jeune «vieux» film en noir et blanc à l’énergie communicative et à l’humour érudit, est une comédie cinéphile sur la création d’A bout de souffle, une lettre d’amour au cinéma en général et à Godard en particulier, qui fait enfin du cinéaste suisse le génial personnage de film qu’il méritait d’être. Un film joyeux et juvénile qui désacralise le cinéma, fidèle à l’esprit de son modèle, une friandise inattendue signée par le surprenant et prolifique Richard Linklater, un Américain à Paris.

8. Reflet dans un diamant mort, d’Hélène Cattet et Bruno Forzani

Le retour du flamboyant duo formé par Cattet et Forzani, avec ce nouveau feu d’artifice sensoriel, qui revisite avec fougue la figure du héros «james bondien» et le genre de l’Eurospy, questionnant la fin d’un mythe, et d’un monde. Paré de mille facettes comme la gemme dont il s’inspire, le film appelle une multiplicité de lectures et relectures qui viennent enrichir sa vision comme son souvenir. Un émerveillement pop et psychédélique qui laisse dans son sillage une réflexion ultracontemporaine sur la mort du héros.

9. Nino, de Pauline Loquès

Nino suit l’errance, le temps d’un week-end, d’un jeune homme confronté à l’annonce d’un cancer agressif à traiter d’urgence. Se pose alors la question: avec qui partager la nouvelle, et ce temps compté? Théodore Pellerin, prix d’interprétation amplement mérité à la Semaine de la critique de Cannes, incarne Nino avec une sensibilité désarmante dans ce drame qui tend vers la lumière, le temps d’une déambulation nocturne aux accents comiques, ponctuée de rencontres aussi éphémères que profondes.

10. On vous croit, de Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys

On vous croit se concentre sur une audience dans le bureau du juge des affaires familiales, et dresse le portrait sur le fil d’une mère de famille au bord de la rupture, en lutte contre le père incestueux de ses enfants, et la justice qui peine à les protéger. Servi par une rigueur formelle au service de son propos (cadre resserré, unité de temps et de lieu, plans-séquences), le film use de tout le pouvoir d’incarnation et d’identification de la fiction pour offrir une expérience transformatrice au spectateur.

Le Top 10 de Julien Del Percio

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1. Une Bataille après l’autre, de Paul Thomas Anderson

Un révolutionnaire désabusé et en perdition est contraint de reprendre du service lorsque son pire ennemi, un colonel suprémaciste, enlève sa fille. Chaque film de Paul Thomas Anderson est un immense événement cinéphile, mais avec Une Bataille après l’autre, le réalisateur livre incontestablement son œuvre la plus populaire et épique, une fuite en avant burlesque, virtuose et tendue qui encapsule tous les excès de l’Amérique d’aujourd’hui. La course-poursuite finale dans les collines vallonnées est déjà culte.

2. Sirât, d’Oliver Laxe

Une atmosphère de fin du monde. Une rave au fin fond du désert marocain. Un père et son fils, perdus parmi les danseurs techno. Plusieurs moteurs qui grondent à travers le sable. C’est le programme inédit et stimulant de Sirât, une expérience hallucinée qui prend en charge les craintes de notre époque pour mieux les dissoudre à travers un maelstrom sensoriel et rageur, entre trip psychédélique et film d’aventure impitoyable.

3. Nino, de Pauline Loquès

Comment vivre dans une mégalopole qui ne s’aligne pas avec nos sentiments intérieurs? C’est à cette question que tente de répondre Pauline Loquès à travers Nino, portrait moderne d’un vingtenaire désabusé qui va percevoir sa vie sous un autre jour après avoir été diagnostiqué d’un cancer de la gorge. Avec humour, tendresse et subtilité, le film suit Nino dans les deux jours qui suivent l’annonce tragique, deux jours qui semblent à la fois d’une importance capitale et d’une banalité confondante. Poignant.

4. The Brutalist, de Brady Corbet

Sans conteste l’un des grands événements cinéma de l’année. A la fois intime, par la mise en scène, finalement assez sobre, et grandiose, dans son ampleur thématique, sa durée, sa musique, la fresque de Brady Corbet délivre sans conteste le plus beau personnage de l’année avec l’architecte Lazlo Toth, génie tourmenté par l’antisémitisme et le capitalisme qui ne parvient à concrétiser sa douleur que dans l’art. Un héros tragique auquel Adrien Brody confère une épaisseur folle.

5. Sinners, de Ryan Coogler

Triomphe surprise au box-office US, Sinners est peut-être l’un des rares blockbusters singuliers de l’année. Sur le papier, le projet du cinéaste Ryan Coogler ressemble à un étalage de références disparates: série B d’horreur, influences de la musique hip-hop et du blues, film d’action bourrin, ambiance southern-gothic. A l’image, le cocktail s’impose pourtant avec une cohérence sidérante, donnant naissance à une œuvre hybride et inclassable, aussi pertinente dans sa charge politique que jouissive dans son imagerie musicale et fantastique. 

6. Good One, d’India Donaldson

Sam, 17 ans, accepte de suivre son père et son ami de longue date pour un week-end de randonnée. C’est à peu près tout ce que raconte Good one, qui ne s’embarrasse pas d’une intrigue en acier trempé, et préfère diluer les petites révélations au fil des dialogues. Cela suffit néanmoins à India Donaldson pour traiter du fossé de plus en plus vaste qui sépare les générations et les genres. Un long métrage slow-burn, qui marche dans les pas de Kelly Reichardt, mais fascine par la précision de ses portraits, de ses situations et de ses dialogues.

7. Sorry, Baby, d’Eva Victor

Autre premier film et autre révélation: Eva Victor signe une œuvre douloureuse à teneur autobiographique parcourue d’une belle lumière. En optant pour une narration dispersée et antichronologique pour évoquer la reconstruction de son personnage après une agression sexuelle, Sorry, Baby esquive l’écueil habituel du pathos pour mieux se focaliser sur les petits détails du quotidien, qui, mis bout à bout, tracent subtilement le chemin vers la résilience.

8. Kika, d’Alexe Poukine

Jusqu’à présent, Alexe Poukine s’était illustrée dans le domaine du documentaire, avec des films au sujet urgent comme Sans frapper et Sauve qui peut. Il faudra désormais la compter parmi les nouvelles voix essentielles de la fiction: Kika s’impose comme un formidable portrait d’une jeune femme sans le sous et en deuil, qui découvre dans le milieu des travailleuses du sexe et du BDSM une porte de sortie inattendue. Très drôle, touchant, imprévisible et d’une justesse imparable, le film impressionne par sa maîtrise et permet au monde de découvrir l’éclatant talent de l’actrice Manon Clavel.

9. Put Your Soul on Your Hand and Walk, de Sepideh Farsi


Comment appréhender la situation à Gaza? Comment recueillir la voix des Palestiniens, si absente des médias de masse? Cette question a poussé la réalisatrice Sepideh Farsi à établir une correspondance-vidéo avec Fatem Hassouna, une jeune photographe gazaouie. Dépouillé de tout artifice, le documentaire fait des conversations entre les deux femmes sa matière première et permet au public de découvrir, par le biais de la connexion vidéo vacillante de Fatem, le quotidien des civils entre décombres et bombardements. Essentiel.

10. SubstitutionBring her Back, de Danny et Michael Philippou

Comme chaque année, le cinéma d’horreur a su dispenser son lot de frissons (Together, Weapons), mais s’il y a bien une proposition qui s’est distinguée dans le genre, c’est bien Bring her Back.  En suivant deux adolescents violemment molestés par une mère en deuil, prête à faire appel à des forces occultes pour ressusciter sa fille, le film tresse un intelligent parallèle avec la maltraitance, et ouvre en même temps les portes d’un univers horrifique radical et terrifiant, prompt à briser certains tabous.

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