Titre - L'Empire
Genre - Comédie hybride
Réalisateur-trice - Bruno Dumont
Casting - Avec Brandon Vlieghe, Anamaria Vartolomei, Fabrice Luchini
Sortie - En salles le 21 février
Durée - 1 h 50
Avec L’Empire, Bruno Dumont déterritorialise son cinéma en l’entraînant du côté du film de genre. Sa guerre des étoiles dans les Hauts-de-France.
Dans un village de la côte d’Opale se mêlent à la population locale des guerriers et des guerrières envoyés par les forces du Bien et du Mal qui importent sur la Terre leur immuable conflit intergalactique, avec pour mission de sauver ou faire périr le Prince des Ténèbres, connu dans le coin sous le nom du Margat, divin enfant au sourire coquin. Il y a de multiples façons de présenter L’Empire (lire page 22). On pourrait s’en tenir à une équation cinématographique, en mode P’tit Quinquin façon Star Wars. Réductrice, mais elle lance quelques pistes de réflexion. Car Bruno Dumont prend très au sérieux son incursion dans le domaine de la science-fiction. S’il en pervertit allègrement les grands thèmes pour en souligner l’occasionnelle inanité, il en adopte néanmoins gaiement les figures, personnages archétypaux, scènes d’action, et même engins spatiaux.
Parallèlement, il définit un peu plus profondément son univers, celui d’une filmographie résolument ancrée en son sol, un cinéma d’extérieur donnant l’espace et le temps de s’exprimer à la nature des êtres et des territoires. Ça passe par de vastes paysages, marqueurs référencés de son univers fictionnel, dans lesquels s’égarent ponctuellement les corps de comédiens non-professionnels. Ils y croisent quelques acteurs (Fabrice Luchini, Camille Cottin, Lyna Khoudri et Anamaria Vartolomei) qui marchent sur un fil tendu entre tragédie et comédie, penchant il est vrai bien souvent vers la farce. Ce mélange illustre un goût de l’hybridation qui irrigue le film, dans ses intentions comme dans leur expression.
Mélanger les genres
L’Empire s’amuse et nous amuse à performer à l’extrême des jeux d’enfants. Notamment cette bataille intergalactique qui voit s’affronter six cavaliers un peu esseulés dans l’espace grandiose de leur imaginaire. Comme si Dumont nous donnait à voir des gosses qui rejouent le sempiternel affrontement du Bien et du Mal pour mieux nous rappeler que c’est bien à l’enfance qu’appartient cette opposition binaire. Ainsi le film n’est pas dupe de ses archétypes. De façon très frontale, la porosité entre le Bien et le Mal s’illustre par l’irrésistible attirance que la sentinelle du Bien éprouve pour le Chevalier du Mal. Toute tentative de démêler le Bien du Mal se trouve réduite à néant par l’humanité -la nôtre- qui s’empare peu à peu de ces super-héros et héroïnes dépêchés sur Terre. Après l’enquête policière burlesque du P’tit Quinquin, la comédie musicale punk de Jeannette et le film historique hystérico-gore Ma Loute, Bruno Dumont s’autorise le divertissement ultime donnant au passage de précieuses clés de relecture à sa filmographie.
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