L’éclat retrouvé de la Mostra
La 76e Mostra de Venise s’ouvre ce soir sur La vérité, le premier film français du maître japonais Hirokazu Kore-eda. Survol d’une édition s’annonçant majuscule…
Voilà quelques années maintenant que la Mostra de Venise a retrouvé des couleurs, boostée par les productions américaines qui y trouvent une rampe de lancement idéale pour les Oscars, et par Netflix qui y délègue ses films les plus prestigieux à défaut de pouvoir les présenter à Cannes, en plus d’accueillir la crème du cinéma d’auteur. Démonstration l’été dernier, pour une 75e édition qui alignait entre autres les derniers films des frères Coen ou de Damien Chazelle, mais aussi le premier opus anglo-saxon de Jacques Audiard, non sans couronner, par Alfonso Cuaron et Roma interposés, le géant du streaming.
Douze mois plus tard, le paysage reste globalement inchangé: si le festival a débuté sur une mini-polémique, relative à la faible représentation des femmes en compétition (elles ne sont jamais que deux à concourir au Lion d’or en effet, la Saoudienne Haifaa Al-Mansour avec The Perfect Candidate, et l’Australienne Shannon Murphy, avec Babyteeth), le plateau réuni a résolument fière allure. Parmi les têtes de gondole, le Japonais Hirokazu Kore-eda, Palme d’or pour Shoplifters, dont le premier film français, La vérité, avec Catherine Deneuve et Juliette Binoche, fera l’ouverture dès ce soir, mais aussi Roman Polanski dont l’on guette avec curiosité le J’accuse, inspiré de l’affaire Dreyfus, James Gray, pour le film de science-fiction Ad Astra, ou encore Pablo Larrain, retrouvant Gael Garcia Bernal pour Ema. Soit quelques-uns à peine des 21 films d’une compétition qui accueille encore le Suédois Roy Andersson, couronné il y a cinq ans pour Un pigeon perché sur une branche, de retour avec About Endlessness, le Colombien Ciro Guerra, auteur des Oiseaux de passage, avec Waiting for the Barbarians et son impressionnant casting réunissant Johnny Depp, Robert Pattinson et Mark Rylance, le Chninois Lou Ye pour Saturday Fiction, Todd Phillips, le réalisateur des Hangover, avec un Joker affolant le buzzomètre, les Français Robert Guédiguian (Gloria Mundi) et Olivier Assayas (Wasp Network), ou encore un trio transalpin (Pietro Marcello, pour Martin Eden, d’après Jack London, Franco Maresco avec La mafia non è piu quella di una volta et Mario Martone avec Il Sindaco del Rione Sanita). A quoi s’ajoutent notamment deux productions Netflix, et non des moindres: Marriage Story, de Noah Baumbach, avec Scarlett Johansson, et The Laundromat, de Steven Soderbergh, avec le duo Meryl Streep – Gary Oldman.
La plate-forme s’invite également hors compétition avec The King, de l’Australien David Michôd, où Timothée Chalamet incarne le roi Henri V d’Angleterre. Kristen Stewart réinvente pour sa part Jean Seberg devant la caméra de Benedict Andrews, tandis que Mick Jagger joue les collectionneurs d’art pour Giuseppe Capotondi (The Burnt Orange Heresy). Et si Costa-Gavras met en scène des Adults in the Room, Paolo Sorrentino prolonge quant à lui The Young Pope par The New Pope. Cécile de France y retrouve Jude Law ; elle est également à l’affiche d’Un monde plus grand, de Fabienne Berthaud, présenté aux Giornate degli autori, où elle campe une apprentie-chamane. La section parallèle s’annonce d’ailleurs prometteuse avec les nouveaux films de Dominik Moll (Seules les bêtes) ou Jayro Bustamante (La Llorona), mais aussi Un divan à Tunis, de Manele Labidi, avec l’excellentissime Golshifteh Farahani. Enfin, les amateurs de curiosités ne manqueront pas de faire un détour par les Venezia Classici et Extase, de Gustav Machaty, où Hedy Lamarr jetait les bases de sa sulfureuse réputation. Ou, dans un tout autre registre, par l’Arsenale, où Tsai Ming-liang, qui évolue désormais au confluent du cinéma et de l’art contemporain, accompagnera la projection de son chef-d’oeuvre Goodbye Dragon Inn d’une performance. C’est dire si cette 76e Mostra s’annonce majuscule…
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