Critique | Cinéma

Le Bleu du caftan

3,5 / 5
© National
3,5 / 5

Titre - Le bleu du caftan

Genre - Drame

Réalisateur-trice - Maryam Touzani

Casting - Lubna Azabal, Saleh Bakri, Ayoub Missioui

Sortie - En salles

Durée - 2h02

Critique - Jean-François Pluijgers

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Abla, l’héroïne d’Adam, le précédent film de Maryam Touzani, tenait un magasin de pâtisseries marocaines dans la médina de Casablanca. C’est un autre commerce traditionnel qui accapare Halim (Saleh Bakri) et Mina (Lubna Azabal), le couple au cœur du Bleu du caftan. Mariés de longue date, ceux-ci coulent un bonheur tranquille alors qu’ils se partagent les tâches dans leur boutique de caftans de Salé: pendant que lui, un maalem, confectionne les tuniques et leurs ornements avec amour, représentant méticuleux d’un artisanat voué à disparaître, elle s’occupe de l’accueil des clientes, souriante mais sachant se montrer ferme au besoin. Un couple uni et complice jusque dans le secret qu’ils partagent, l’homosexualité d’Halim, qu’ils ont toujours veillé à dissimuler avec ce même soin qu’ils portent à leur travail. Moment où l’arrivée de Youssef (Ayoub Missioui), un jeune apprenti, combinée à la maladie à l’issue inéluctable dont apprend souffrir Mina, vient fragiliser cet équilibre qui n’avait d’immuable que l’apparence…

Les fils de cette histoire, Maryam Touzani les tisse avec un incomparable doigté, donnant à ce récit intime un tour subtilement politique. De même que Adam réussissait à aborder la question des jeunes femmes enceintes en dehors du mariage par le biais de l’humain, Le Bleu du caftan s’empare du tabou de l’homosexualité au Maroc -où elle est considérée comme un crime et punissable de six mois à trois ans de prison- en déjouant tous les écueils du film à thème. À quoi la réalisatrice préfère une approche toute de délicatesse et de sensualité, jouant avec une grâce et une élégance feutrées du non-dit, tout en laissant le temps aux sentiments de s’épanouir, dans un geste de cinéma auquel les comédiens confèrent une souveraine douceur. Pour livrer un film sensible en forme de régal pour les sens.

De Maryam Touzani. Avec Lubna Azabal, Saleh Bakri, Ayoub Missioui. 2 h 02. Sortie: 29/03.

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