Titre - The Room Next Door
Genre - Drame
Réalisateur-trice - Pedro Almodóvar
Casting - Tilda Swinton, Julianne Moore, John Turturro
Durée - 1 h 47
The Room Next Door n’est pas le meilleur film de Pedro Almodóvar, mais offre une méditation élégante et sensible sur le thème de l’adieu.
Ken Loach a remporté une Palme d’or pour I, Daniel Blake et The Wind That Shakes the Barley. Roman Polanski a gagné l’Oscar pour The Pianist, et Martin Scorsese a dû attendre The Departed pour recevoir son Academy Award. Il n’est pas rare que des grands réalisateurs soient récompensés pour des œuvres qui ne figurent pas parmi leurs meilleurs films. Cela vaut aussi pour Pedro Almodóvar. À 75 ans, le maestro madrilène de la movida a reçu l’année dernière le Lion d’or de Venise -son premier grand triomphe en festival- pour The Room Next Door. Bien que ce film batte au rythme d’un cœur généreux et soit impeccablement réalisé, il semble moins puissant que des chefs-d’œuvre comme Tout sur ma mère, Parle avec elle ou Volver.
Ce premier long métrage en anglais est une réflexion sur l’amitié et la mort. Martha (Tilda Swinton), ex-correspondante de guerre en phase terminale, sollicite l’aide d’Ingrid, une amie de longue date, écrivaine (Julianne Moore). Martha demande à Ingrid d’être présente dans « la chambre d’à côté » quand elle mettra fin à ses jours avec une pilule achetée sur le Dark Web. Ce qui s’ensuit est un soap opera de qualité supérieure sur le thème de l’adieu et des souvenirs suspendus entre des personnes autrefois proches.
Visuellement, c’est de l’Almodóvar pur jus: couleurs intenses, décors luxueux -cette villa moderniste!- et une tension qui se construit au fil de séquences presque oniriques. Pourtant, The Room Next Door -où résonnent des échos du Silence d’Ingmar Bergman- semble être une œuvre plus en retenue. L’humour subversif et l’intensité dramatique qui donnent souvent du relief aux films d’Almodóvar restent à l’arrière-plan -à moisn que ce flash-back où Tilda Swinton rencontre une carmélite homosexuelle pendant la guerre en Irak ne soit une blague.
C’est une atmosphère sereine, quasi zen, qui règne ici, peut-être un peu trop calme par rapport à la tension que suscite la thématique. Les sujets -l’euthanasie, le passage du temps- sont traités avec (trop de?) précaution, et le film peine parfois à trouver le bon rythme, comme figé dans son artificialité. Certains dialogues ont même l’air d’avoir été découpés dans un manuel de développement personnel pour bourgeoises esseulées en pleine ménopause.
Cela n’empêche qu’il y a beaucoup de bons côtés. La cinématographie est exquise, la partition tourmentée d’Alberto Iglesias s’entrelace élégamment avec l’histoire, et le duo Swinton et Moore dégage une alchimie subtile -même si Swinton démontre dans les scènes les plus tire-larmes qu’elle n’a pas raté une carrière de grande actrice de soap. Tout cela aboutit à un film qui ne crie pas mais chuchote, qui émeut subtilement par moments et illustre à tout instant le savoir-faire d’Almodóvar.
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