Ken Loach, 50 ans de carrière en 5 films
Si Ken Loach détenait déjà le record de sélections au Festival de Cannes, avec 18 films présentés, il fait désormais partie du cercle très fermé des cinéastes doublement primés. L’occasion de revenir sur sa très belle carrière en 5 films.
Deux ans après avoir annoncé sa retraite, Ken Loach a fait un retour remarqué avec son film I, Daniel Blake, sacré Palme d’or de la 69e édition du Festival de Cannes. Une Palme qui s’ajoute à celle déjà obtenue, dix ans plus tôt, pour le film The Wind that Shakes the Barley, et qui confirme un peu plus le génie du cinéaste britannique. Tout au long de ses 50 ans de carrière, le réalisateur a mis un point d’honneur à défendre les laissés-pour-compte et à dénoncer les dysfonctionnements de sa Grande-Bretagne natale, au travers de thèmes comme la révolte, l’indépendance ou encore la mainmise de majorité sur les minorités. Retour sur la carrière de ce cinéaste très engagé en 5 films.
Kes – 1970
Lorsque Ken Loach débarque pour la première fois sur la Croisette, c’est pour y présenter son deuxième long métrage, Kes. Le réalisateur britannique, jusque-là encore inconnu, y présente un film rempli de noirceur et peu optimiste, qui raconte l’histoire de Billy Casper, un jeune garçon d’une douzaine d’années, blessé par le monde qui l’entoure. Une mère qui ne s’occupe guère de lui, un frère aîné qui le traite en souffre-douleur et des camarades de classe plus hostiles qu’amicaux, la vie de Billy est bien solitaire. Jusqu’au jour où il trouve un rapace et entreprend de le dresser. C’est grâce à ce film tout en simplicité, présenté lors de la Semaine de la Critique, que le cinéaste va connaître le succès dans son pays.
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The Wind that Shakes the Barley – 2006
Ken Loach devra attendre 2006 pour se voir décerner le prix le plus convoité du cinéma: la Palme d’or du Festival de Cannes. C’est en effet il y a tout juste 10 ans lors de la 59e édition, avec son long métrage The Wind that Shakes the Barley, que le réalisateur sera salué pour son oeuvre, jugée complexe mais au ton extrêmement juste. Dans ce film, le spectateur est plongé, au travers de l’histoire de deux frères, au coeur de la révolte qui a soulevé les républicains irlandais contre l’occupation anglaise, au début des années 1920. Ainsi le réalisateur est encore une fois applaudi pour son réalisme rigoureux et dans lequel on le retrouve, comme à son habitude, très engagé. Si The Wind that Shakes the Barley dénonce les dérives des deux parties de cette guerre civile, il est aussi empreint d’une grande sérénité et d’une certaine compassion, ce qui en fait, pour certains, l’un des films les plus émouvants de Ken Loach.
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Looking for Eric – 2009
Si l’humour a toujours été un élément essentiel de sa filmographie, et ce même lorsqu’il aborde des sujets graves, dans son long métrage Looking for Eric, Ken Loach décide d’afficher pleinement le registre de la comédie. Grand fan du ballon rond, le réalisateur livre dans ce film euphorisant l’histoire d’Éric, un postier renfrogné et déprimé de Manchester, qui va retrouver goût à la vie grâce à son idole, le célèbre footballeur Éric Cantona. Ken Loach aborde ainsi une nouvelle thématique telle que l’esprit de camaraderie, mais aussi d’autres plus profondes comme les relations sociales dans un monde dominé par l’argent ou encore la solidarité des travailleurs. Si certaines critiques jugent le film un peu trop long et le voient comme une sorte de parenthèse dans la filmographie de Loach, Looking for Eric réalisera tout de même le beau score de 500.000 entrées en France et remportera le Prix du Jury oecuménique lors de l’édition du Festival de Cannes de 2009 ainsi que le Prix du meilleur film étranger en 2011, lors des Magritte du Cinéma.
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Route Irish – 2010
Si la longue carrière de Ken Loach est faite majoritairement de chefs d’oeuvres, le cinéaste n’est pas pour autant à l’abri d’un raté; et c’est ce qui est arrivé avec son long métrage Route Irish. Rajouté tardivement à la sélection cannoise, le thriller qui traite de l’intervention britannique en Irak n’a pas séduit les critiques. Jusque-là toujours très impliqué, le réalisateur semble cette fois manquer cruellement d’inspiration. Une intrigue peu subtile et déjà vue, une mise en scène figée et un jeu d’acteur surfait, Route Irish déplaît tant dans le fond que sur la forme. Mais qu’à cela ne tienne, le réalisateur reviendra plus fort quelques années après avec le grandiose The Angels’ Share qui cette fois-ci sera adulé par la critique et permettra à Ken Loach d’obtenir, pour la quatrième fois, le Prix du Jury au Festival de Cannes.
I, Daniel Blake – 2016
Ce dimanche, le réalisateur britannique est entré dans le cercle très fermé des double palmés, un exploit rare qui jusqu’à présent n’est détenu que par 7 autres réalisateurs. Ainsi, à l’issue de cette 69e édition et alors qu’il avait annoncé sa retraite il y a deux ans, Ken Loach s’est vu couronner d’une deuxième Palme d’or pour son nouveau film I, Daniel Blake. Toujours inscrit dans le registre du cinéma social, le long métrage raconte l’histoire Rachel, une mère célibataire de deux enfants, contrainte d’accepter un logement à 450 km de sa ville natale pour éviter le placement en foyer d’accueil et de Daniel, un menuisier de 59 ans contraint d’arrêter de travailler après une crise cardiaque. Les deux vont alors se soutenir dans leurs difficultés. Un film coup de poing qui encore une fois défend le point de vue des laissés-pour-compte. Très habitué à la Croisette, Ken Loach y aura présenté au total 18 de ses films, dont 13 pour la Sélection officielle.
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À presque 80 ans, le réalisateur surprend et innove toujours, à tel point qu’il a décidé de mettre certains de ses films en visionnage sur la plateforme YouTube. Une manière pour lui de permettre au plus grand nombre de voir ses oeuvres et ainsi de comprendre plus facilement les enjeux de notre époque.
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