Titre - Juré n°2
Genre - Drame juridique
Réalisateur-trice - Clint Eastwood
Casting - Avec Nicholas Hoult, Toni Collette, Chris Messina
Durée - 1 h 54
À 94 ans, Clint Eastwood interroge, dans Juré n°2, son nouveau long métrage en tant que réalisateur, le sens de la justice et la responsabilité citoyenne.
« La justice, c’est la vérité en action », entend-on très tôt dans Juré n°2, le nouveau long métrage réalisé par l’increvable Clint Eastwood. Oui mais comment dès lors faire régner la justice quand la vérité, parfois singulièrement fuyante, se dérobe? C’est l’une des passionnantes questions que pose en filigrane ce film s’inscrivant limpidement dans une veine juridique qu’a toujours affectionnée le grand Clint (voir notamment des œuvres comme Minuit dans le jardin du Bien et du Mal, Jugé coupable, L’Échange ou encore Le Cas Richard Jewell, pour ne citer que les plus évidentes).
Dans Juré n°2, donc, Justin Kemp (Nicholas Hoult), un homme ordinaire au passé d’alcoolique qui s’apprête à devenir père, est convoqué pour être juré dans un procès pour meurtre appelé à être très médiatisé. Mais il réalise dès le premier jour du procès qu’il est peut-être lui-même à l’origine de l’acte criminel sur lequel il doit statuer. Rongé par son secret, et confronté à un délicat dilemme moral, il commence alors à jouer un inconfortable double jeu au sein même du jury, semant le doute et menaçant surtout dangereusement l’idéal d’impartialité de ce dernier. Doit-il continuer à se protéger en pensant à sa famille ou prendre le risque de tout perdre en disant la vérité? Le destin de l’accusé et le sien sont entre ses mains…
Du Clint pur jus
Moins concentré sur le procès en tant que tel que sur les tergiversations et les délibérations des jurés, ce nouveau drame juridique est d’évidence un film davantage préoccupé par la nécessité d’exposer des faits que par le désir de juger ou de condamner. En ce sens, on est bien ici dans du Clint Eastwood pur jus, qui charrie inévitablement au passage une série de thématiques bien connues des amateurs et amatrices de son cinéma (trouble et ambivalence, personnage tiraillé entre le Bien et le Mal, relations difficiles entre l’individu et la société, exploration des zones grises de la conscience humaine…).
S’appuyant sur un casting qui mêle visages peu connus et grosses pointures (Toni Collette, Chris Messina, J.K. Simmons, Kiefer Sutherland…), Juré n°2 souligne les inéluctables imperfections du système judiciaire américain (« Il n’est pas parfait, mais c’est le meilleur qu’on a ») et les compromissions coupables imposées par l’existence. Souvent très (trop) théorique, le film peine à donner de la chair à ses personnages et oublie d’exploiter certains arcs narratifs. Il n’en ajoute pas moins une pièce intéressante, et parfaitement cohérente, au grand puzzle que constitue la filmographie d’Eastwood. S’y dessine le visage d’une Amérique tiraillée entre égoïsme lâche et idéal citoyen.
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