Titre - Julie zwijgt
Genre - Drame
Réalisateur-trice - de Leonardo Van Dijl
Casting - Avec Tessa Van Den Broeck, Pierre Gervais, Koen de Bouw.
Durée - 1 h 37
Avec Julie Zwijgt, Leonardo Van Dijl livre un premier long métrage bien ficelé sur une jeune star du tennis dont les limites ont été franchies. Ou pas…
L’a-t-il fait, oui ou non ? La question au coeur de Julie zwijgt est délicate, et tout l’entourage de Julie se la pose avec insistance. Mais pas elle, jeune et prometteuse étoile du tennis. Elle reste plutôt silencieuse alors que Jéremy, son entraîneur expérimenté, est soudainement suspendu par son club. Et ce, alors que l’un de ses autres élèves mineurs semble s’être suicidé. Des limites ont-elles été franchies à l’intérieur et à l’extérieur du court de tennis? Et si oui, lesquelles? Et pourquoi Julie s’obstine-t-elle à garder le silence alors que personne n’était aussi proche qu’elle de l’entraîneur mis en cause? Est-ce pour cela que ses camarades de classe, ses éducateurs et ses parents la surveillent de très près, et que son témoignage pourrait éclaircir les choses?
Non, Leonardo Van Dijl n’a pas choisi la facilité pour son premier long métrage coécrit par l’actrice Ruth Becquart. Et pourtant le jeune cinéaste belge s’en est sorti avec une maturité et une retenue surprenantes. Julie Zwijgt -primé à Cannes et sélectionné cette année par la Belgique pour les Oscars- n’est pas un mélodrame tire-larmes avec des slogans faciles. Et encore moins un film de tennis où on s’affrontent à coups de mots et de sentiments.
On est plutôt en présence d’une étude de caractère introspective, aux tonalités sombres et dans le cadre serré d’une adolescente troublée. Comme lors d’un match de tennis où les services et les reprises importent peu, mais où la véritable bataille se déroule dans les regards et la tension tacite entre Julie et les autres joueurs. Ou en elle-même.
Cela se voit dès le plan d’ouverture, lorsque le directeur de la photographie Nicolas Karakatsanis -l’inégalable maître du noir qui a filmé Rundskop et I,Tonya– place sa caméra fixe au fond d’un court de tennis, tandis que Julie s’élance dans le cadre puis en sort. Le film joue souvent sur cette tension entre une mise en scène statique et un mouvement frénétique que l’on observe à l’intérieur des plans. Comme une métaphore purement visuelle du maelström d’émotions qui bouleverse Julie.
Il est évident que Van Dijl a regardé de près le travail des frères Dardenne. Élève Libre de Joachim Lafosse et Girl de Lukas Dhont ne sont pas loin non plus. Mais s’il ne tombe jamais dans l’hyperbole ou le stoïcisme trop conscient, c’est sur l’interprétation de ses acteurs qu’il se base. Tessa Van den Broeck -qui nous vient d’ailleurs du monde du tennis- est à la fois vulnérable, excentrique et sûre d’elle, ce qui permet au spectateur de ressentir presque physiquement cette quête de Julie en matière d’acceptation de soi et d’identité, et de gestion des traumatismes.
« Le silence est l’expression de la vérité« , disait le philosophe danois Søren Kierkegaard, ce que Julie Zwijgt -un film qui sonne comme un cri étouffé sur un court de tennis- démontre sans réserve.
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