Critique | Cinéma

Joker: Folie à deux | Une ronde des fous entre Joaquin Phoenix et Lady Gaga

3,5 / 5
Le Joker peut-il espérer entrevoir le bonheur? © 2022 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved
3,5 / 5

Titre - Joker: Folie à deux

Genre - Thriller psychologique musical

Réalisateur-trice - Todd Phillips

Casting - Joaquin Phoenix, Lady Gaga, Brendan Gleeson

Durée - 2 h 18

Si Joker: Folie à Deux est bien la suite de Joker, il n’a néanmoins rien d’une fade copie du gros succès cinématographique. Et pas seulement parce que Lady Gaga et Joaquin Phoenix y chantent et dansent fiévreusement.

Le monde veut plus de Joker? Alors le monde aura plus de Joker… Mais de quel Joker s’agit-il? C’est au réalisateur Todd Phillips et à son acteur principal Joaquin Phoenix d’en décider. Ils poursuivent sur la voie de leur phénoménal succès, récompensé par un Oscar et qui est presque instantanément entré dans la pop culture. Cette fois, ils envoient leur clown criminel dans une direction très différente, pour un film qui change de registre. Très loin de l’interprétation déroutante et contestée selon laquelle leur Joker ne serait qu’un de ces hommes marginalisés et plein de désillusions qui applaudissent devant le spectacle de la terreur. Dans Joker: Folie à deux, on retrouve surtout Arthur Fleck, cet homme ridiculisée et maigre. Il est détenu à l’asile d’Arkham en attendant son procès pour les meurtres du premier film. Pendant ses cours de chant, il rencontre Harleen Quinzel (Lady Gaga). Va-t-il sortir quoi que ce soit de cette étincelle? Peut-il espérer entrevoir le bonheur pour la première fois? Lady Gaga et Joaquin Phoenix jouent aux crooners, chantent et dansent, comme si le monde n’était pas cette vallée de larmes et comme s’ils voulaient déplacer des montagnes ensemble. Joker: Folie à deux commence comme un film de prison et se termine comme un drame judiciaire, et reste tout du long une comédie musicale. À la place des meurtres, des vols, des poursuites en bagnole et de Batman, on a droit à du Fred Astaire, Judy Garland et Stevie Wonder. Quel contraste avec le premier volet, plutôt inspiré de Scorsese. Lady Gaga s’en tire le mieux évidemment, mais Phoenix parvient lui aussi à tirer son épingle du jeu. Sa version anglaise du Ne me quitte pas de Jacques Brel est si émouvante que l’on en arriverait presque à avoir de la compassion pour ce meurtrier.

Car bien évidemment, Fleck se fait des illusions. Quinzel n’est pas amoureuse de lui. C’est le Joker qui la fascine. Et elle fait tout pour qu’il se réveille. D’ailleurs, c’est ce que le monde attend: les hordes de fans, les médias qui réclament du croustillant et… les cinéphiles. Ce n’est que sous les traits du Joker qu’Arthur Fleck semble avoir une raison d’être. C’est pour cela que Joker: Folie à deux, un peu schizophrène sur les bords, n’est pas une réussite sur toute la ligne. On peut parfois ressentir un peu d’ennui. Les chansons ralentissent l’histoire. Lady Gaga joue les seconds rôles. Et le manque de scènes en extérieur -en ville notamment- se fait sentir. C’est moins piquant que le volet précédent. Le brillant prologue, un court métrage à la Looney Tunes du réalisateur des Triplettes de Belleville Sylvain Chomet, dépeint la tragédie et la schizophrénie d’Arthur Fleck / le Joker en quelques minutes, plus clairement que le reste du film. Mais bon… Va-t-on vraiment se plaindre d’une suite hyper créative qui fait preuve de cran, intensément cinématographique et pour le moins rebelle?

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