Titre - Heretic
Genre - Hoerreur
Réalisateur-trice - de Scott Beck & Bryan
Casting - Avec Hugh Grant, Chloe East, Sophie Thatcher.
Durée - 1 h 51
Hugh Grant étale avec un plaisir diabolique son côté creepy dans Heretic, mais cela ne suffit pas pour que ce film d’horreur décolle complètement.
Hugh Grant, affublé d’un cardigan démodé et de lunettes d’un autre âge, qui analyse les paroles du Creep de Radiohead ou distille des anecdotes sur le Monopoly, la polygamie et la Bible? Ce n’est pas vraiment ce que l’on attend d’un thriller en maison hantée, et c’est pourtant ce que proposent les réalisateurs Scott Beck et Bryan Woods, connus pour le scénario du blockbuster horrifique A Quiet Place (Sans un bruit). Intrigante sur le papier, cette histoire de deux jeunes missionnaires mormones prises au piège dans une joute philosophique avec leur hôte sociopathe n’arrive pas à convaincre totalement.
L’acteur britannique qui a allié charme et maladresse dans presque toutes les comédies romantiques des années 90 incarne ici M. Reed, homme jovial en apparence qui offre aux deux jeunes filles venues frapper à la porte de sa maison isolée de la tarte aux myrtilles et un cours de théologie blasphématoire. Grant s’amuse visiblement dans ce rôle à contre-emploi d’inquiétant érudit solitaire qui pourrait être un cousin de Norman Bates et cette touche d’autodérision permet au film de dépasser de justesse le cap de la médiocrité.
La force d’Heretic réside principalement dans ses prémices et sa première heure. Le contraste entre les deux sœurs naïves (Sophie Thatcher et Chloe East) et les manipulations de M. Reed crée une ambiance menaçante, pleine de suspense. Le travail du directeur de la photographie Chung-hoon Chung -qui a mis entre autres en boîte Oldboy et The Handmaiden pour Park Chan-wook- traduit habilement ce malaise en images, dans des éclairages à la fois chauds et sinistres. Mais la construction de la tension est minée par une mise en scène qui s’appuie trop sur des monologues en plans moyens et des décors austères. En prime, dans le troisième acte, la logique qui sous-tend le film est abandonnée au profit d’une banale effusion de sang. Vers la fin, où sont convoqués les fantômes de L’Exorciste et de Saw, on commence à regretter les conférences sarcastiques de Grant sur Jésus, Joseph Smith et The Hollies.
Dans le catalogue des films d’horreur de la société de production américaine A24 (It Comes at Night, Hereditary, Saint Maud, etc.), Heretic ressemble à une tentative artificielle d’atteindre une certaine profondeur. Mais heureusement, le film est distrayant. Les discussions sur la religion ne manquent pas de sagacité et les performances des acteurs sont à la hauteur, mais on a l’impression que les deux réalisateurs sont restés coincés entre la satire à la Buñuel et l’horreur grindhouse spectaculaire, sans vraiment réussir à choisir leur camp. « Soyez sobres, restez vigilants: votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer », prévenait l’apôtre Pierre. Mais saint Pierre n’avait pas eu l’occasion de voir Hugh Grant en débardeur…
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