Titre - Pinocchio
Genre - Animation
Réalisateur-trice - Guillermo Del Toro et Mark Gustafson
Casting - Avec les voix de Gregory Mann, Ewan McGregor, Cate Blanchett
Sortie - Diffusion sur Netflix à partir du 09/12
Durée - 1h52
Le cinéaste mexicain Guillermo del Toro signe une version en stop motion particulièrement sombre et inspirée du classique de Carlo Collodi.
Des adaptations cinématographiques des Aventures de Pinocchio, le roman pour enfants écrit par Carlo Collodi en 1881, il y en a eu de nombreuses, la plus fameuse restant celle des studios Disney en 1940, et les plus récentes, celles de Matteo Garrone en 2019 et de Robert Zemeckis il y a quelques mois à peine. Guillermo del Toro envisageait pour sa part depuis une quinzaine d’années déjà de réaliser une version animée en stop motion (animation en volume image par image) du conte. De contretemps en contretemps, le réalisateur mexicain aura finalement eu le temps de tourner quatre longs métrages au rang desquels le multi-oscarisé The Shape of Water avant de venir à bout du projet.
Du côté de Frankenstein
Pour mettre son rêve en images, del Toro s’est associé à Mark Gustafson, figure bien connue des amateurs de stop motion puisqu’il dirigeait l’animation sur l’une des réussites majeures du genre, Fantastic Mr. Fox, de Wes Anderson. Cette caution graphique posée, c’est bien l’imaginaire du réalisateur du Labyrinthe de Pan et de L’Échine du diable qui irrigue ce film, justifiant d’ailleurs pleinement son titre original: Guillermo del Toro’s Pinocchio. L’histoire familière de la marionnette en bois se transformant en petit garçon, le cinéaste mexicain la remodèle à sa façon, choisissant de la transposer dans l’Italie fasciste à la botte de Mussolini. Ayant perdu Carlo, son fils adoré, lors d’un épisode tragique de la Première Guerre mondiale -un avion de retour de mission avait accidentellement déversé ses bombes sur leur village, fauchant le garçon-, un Geppetto inconsolable en est toujours à ruminer son malheur des années plus tard lorsque Pinocchio est amené à la vie dans des circonstances n’étant pas sans évoquer Frankenstein.
Un parallèle qui continuera à infuser le film tandis que, espiègle et insubordonné, Pinocchio s’en va à la découverte du vaste monde, tombant bientôt sous la coupe d’un forain mal intentionné, le comte Volpe. La suite, si elle s’inscrit dans le droit fil de l’œuvre de Collodi, dont elle reprend d’ailleurs les épisodes et les personnages -et notamment un formidable Sebastian J. Cricket, en observateur pontifiant de l’affaire- permet aussi à del Toro de creuser plusieurs de ses thèmes et figures de prédilection, la célébration de la différence y côtoyant une satire aiguisée du fascisme. Le tout, dans un univers peuplé encore de créatures étonnantes, et soutenu par une animation dont la richesse a pour pendant la noirceur -en quoi son film s’écarte radicalement de la version Disney, encore qu’Alexandre Desplat y apporte des contrepoints musicaux. Porté par une poésie funèbre, ce récit d’apprentissage en forme de sombre fantasmagorie, s’il n’est pas sans imperfections, n’en apparaît que plus aimable -à l’image, en somme, de Pinocchio…
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