Grandeur et décadence dans I Wanna Dance With Somebody, le biopic sur Whitney Houston
Titre - I Wanna Dance with Somebody
Réalisateur-trice - Kasi Lemmons
Casting - Naomi Ackie, Stanley Tucci, Nafessa Williams
Durée - 2h26
Le biopic sur Whitney Houston prend la forme d’un classique “rise and fall” qui évoque trop souvent une simple page Wikipédia mise en images et en sons.
Rocketman, Judy, Respect, Aline, Suprêmes, Elvis… Dans l’exercice tendance et très codé du biopic musical, I Wanna Dance with Somebody n’est ni le plus mauvais (Bohemian Rhapsody étant passé par là…) ni le plus enthousiasmant des candidats. Consacré à la trajectoire tumultueuse de Whitney Houston, le film est confié aux bons soins de la réalisatrice afro-américaine Kasi Lemmons, passée devant la caméra de Spike Lee (School Daze), Jonathan Demme (The Silence of the Lambs) et Bernard Rose (Candyman) avant de signer elle-même une poignée de longs métrages remarqués mettant en avant des personnages et des comédiens essentiellement afro-américains (Eve’s Bayou, Talk to Me, Harriet).
Mis en scène avec un certain panache, le début du film cueille Whitney (Naomi Ackie, relativement convaincante) à l’âge de 19 ans, en 1983, dans son New Jersey natal. Chrétienne évangélique coincée vivant sous la coupe d’une mère exigeante chanteuse de gospel et d’un père cupide passé par l’armée, elle est la cousine de Dionne Warwick et Aretha Franklin est sa tantine de cœur. Rodée au mannequinat et largement imprégnée de culture musicale, elle possède une voix absolument hors du commun, mezzo-soprano capable de glissandos à ce point virtuoses qu’ils lui vaudront le surnom de “The Voice”. Très vite, le succès, monstrueux, lui tend les bras, tout comme une possible histoire d’amour avec sa future assistante Robyn Crawford, âme sœur avec laquelle elle ne s’autorisera pas à s’afficher. Les conventions lissées du show-business peuvent être singulièrement cruelles et contraignantes, en effet, et la jeune femme se montre prête à tout pour devenir la parfaite petite chérie de l’Amérique. Au risque de s’y perdre entièrement. Soit tout le drame de l’ascension phénoménale d’une comète pop appelée à se crasher violemment…
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Houston, nous avons un problème
Cherchant d’évidence moins le mimétisme parfait que l’esprit de Whitney, I Wanna Dance with Somebody se focalise donc largement sur les inévitables compromis ayant pavé la route de la chanteuse de tous les records. La clé du film est simple: capable d’escalader l’Everest rien qu’avec sa voix, Houston a renoncé à tellement de choses pour arriver au sommet qu’elle ne sait plus qui elle est. Cette déroute identitaire d’une femme sous influence se décline en une succession de séquences (sur)signifiantes qui manquent de chair et de liant. Souvent très fiche Wikipédia dans son évolution narrative, le film ne déborde ainsi jamais du très prévisible petit cahier des charges qu’il s’est fixé: celui d’un classique “rise and fall” où la montée, enivrante, contient déjà en elle tous les germes de la chute qui s’annonce. Il manque un feu et une âme à ce biopic très standardisé qui donne le sentiment de s’être lui-même perdu dans les nombreuses compromissions propres au genre au sein duquel il se fond sans éclat.
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