« Girl » du Belge Lukas Dhont ovationné à Cannes
« Girl » du Belge Lukas Dhont a été ovationné samedi à l’issue de sa projection dans le cadre de la prestigieuse section « Un Certain Regard » du Festival de Cannes. En larmes, le réalisateur et les acteurs ont été applaudis pendant près d’un quart d’heure par le public.
« C’était un moment émotionnel énorme. Mes larmes parlent d’elles-mêmes », a déclaré Lukas Dhont quelques minutes après avoir quitté la salle.
L’acteur principal, Victor Polster, s’est quant à lui dit chamboulé par l’accueil réservé au film.
Dans le long métrage, l’adolescent de 16 ans incarne Lara, qui rêve de devenir danseuse étoile, alors qu’elle est né dans le corps d’un garçon, et se lance à corps perdu dans cette aventure avec le soutien de son père (Arieh Worthalter).
Pour interpréter ce rôle, Victor Polster, dont l’apparence à l’écran ressemble à s’y méprendre à celle d’une fille, s’est notamment entraîné à poser sa voix de manière à ce qu’elle paraisse la plus féminine possible. Danseur à l’Ecole Royale de Ballet d’Anvers, il a par ailleurs dû chausser les pointes, une fois dans la peau de Lara, alors que ce n’est pas habituel pour un homme en danse classique.
Concernant l’origine du projet « Girl », Lukas Dhont, déjà connu pour ses courts métrages, explique avoir eu l’idée en 2009 en lisant le journal. On y parlait d’une jeune fille qui voulait devenir danseuse étoile mais qui était née dans un corps d’homme. Face à ce récit comportant plusieurs thèmes qui lui tiennent à coeur (l’identité, l’adolescence, la masculinité, la féminité,…), le réalisateur s’est alors mis à faire le portrait de quelqu’un de très héroïque, qui le mènera à son personnage de Lara. Et pour assurer la justesse du sujet à l’écran, le Belge s’est entretenu avec plusieurs personnes transgenres.
Dans « Girl », il a fait le choix dramaturgique de ne donner qu’un seul parent à son héroïne. « Lara prend la place de la femme dans la famille et le lien entre le père et sa fille est ainsi d’autant plus renforcé », explique le cinéaste, qui s’est entouré pour la chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui et pour la musique de Valentin Hadjadj.
Lukas Dhont a par ailleurs fait le choix de tourner le film à la fois en français et en néerlandais. « Je veux me ‘profiler’ comme un réalisateur belge et pas flamand », souligne-t-il précisant avoir déjà eu recours aux deux langues dans ses courts métrages.
« Girl » qui a bénéficié du soutien du Fonds Audiovisuel de Flandre, sera distribué en Belgique en fin d’année. Il est produit par Menuet, en collaboration avec Frakas Productions pour la Belgique francophone et Topkapi Films pour les Pays-Bas.
Le long métrage a été développé dans le cadre de la Résidence du Festival, une initiative du Festival de Cannes liée à la Cinéfondation (réservée aux créations d’écoles de cinéma du monde entier).
Section de la Sélection officielle du Festival de Cannes, « Un Certain Regard » vise à mettre à l’honneur des oeuvres audacieuses et originales de cinéastes encore peu connus.
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