Focus à la plage: de Monsieur Hulot au soldat Ryan, action, comédies et romances sur le sable fin

Spring Breakers: James Franco et ses braqueuses breakeuses sur la plage en Floride.

Chaque semaine, Focus vous emmène à la plage pour explorer comment le bord de mer a inspiré les artistes dans toutes les disciplines. Quatrième escale avec le cinéma.

Difficile de circonscrire la plage au cinéma tant elle est porteuse d’imaginaires nombreux et divergents, du paradis terrestre du Lagon bleu au soleil et aux enquêtes absurdes de Bruno Dumont à Wimereux, en passant par la mortelle partie d’échecs du Septième Sceau de Bergman. De nuit comme de jour, la plage est un décor de cinéma à la richesse insoupçonnée, apportant ce qu’il faut de tension à n’importe quelle action, aussi ténue soit-elle. La plage, c’est le début de l’été, et la fin du film. Une promesse de vacances, d’éveil des sens côté pile, de danger et d’inconnu (on ne se baigne plus avec la même insouciance après avoir vu Jaws) côté face.

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Commençons donc par cette promesse de vacances… Il y a celles de monsieur Hulot, d’abord. L’hurluberlu de Jacques Tati prend ses quartiers d’été sur la petite plage de Saint-Marc-sur-Mer. Il y promène sa silhouette dégingandée sous le regard circonspect de ses congénères qui performent sur leur serviette la petite comédie des congés payés. Et puis, il y a celles des Spring Breakers d’Harmony Korine, réglant son compte à la tradition américaine de ces vacances de printemps qui voient les étudiants américains se ruer sur le sable fin de plages tropicales où l’alcool coule à flots.

Surtout, ne vous fiez pas aux images d’Epinal, la plage est plus retorse qu’il n’y paraît. Bien sûr, il y a celle de Danny Boyle, qui plonge dans un bain empoisonné Leonardo DiCaprio, Virginie Ledoyen et Guillaume Canet, baroudeurs curieux de découvrir le secret le mieux gardé de la Thaïlande. Et puis, prenez From Here to Eternity (Tant qu’il y aura des hommes, en VF) de Fred Zinnemann, dont nul n’ignore la scène culte où Deborah Kerr et Burt Lancaster partagent une langoureuse étreinte. Cette scène de baiser iconique est pourtant une scène… de dispute. Bien mal en prend à Karen de soupirer: «Aucun homme ne m’a jamais embrassée comme ça.» «Aucun, tu en es bien sûre?», s’enquiert Milton. Devant son insistance, elle finit par avouer: un mari volage et alcoolique, un accouchement traumatique, un bébé mort-né. Autant pour la vision idyllique de l’amour à la plage, des coquillages (ramenés sur le rivage par Ursula Andress dans James Bond 007 contre Dr No) et des crustacés chantés par B.B. dans La Madrague.

La vue de la mer (ou de l’océan) au loin fait battre le cœur fragile des nostalgiques et des malheureux, mais elle peut aussi susciter l’allégresse.

B.B. justement renaît à l’écran en 1956 dans un petit port traditionnel du sud de la France, Saint-Tropez. Roger Vadim s’apprête à créer un mythe. Avec Et Dieu créa la femme, Brigitte Bardot devient une idole mondiale. La bien nommée Nouvelle Vague valide l’œuvre de son aîné, et la plage tiendra les premiers rôles dans son cinéma. Dans Pierrot le fou de Godard, elle abrite les amours qui finissent par tourner mal entre Jean-Paul Belmondo et Anna Karina, avant d’être le théâtre de l’explosion finale. Dans Les 400 coups, elle est l’horizon de la dernière scène. La mer est la ligne de fuite d’Antoine Doinel, elle est un mur aussi. Nombre de films se terminent d’ailleurs sur la plage, comme une fin de non-retour. Il y a la Statue de la Liberté ensablée de La Planète des singes, l’espoir désabusé de Takeshi Kitano dans Hana-Bi, la rêverie éveillée de Marcello Mastroianni dans La Dolce Vita, John Turturro, son costume marron et sa boîte empesée dans Barton Fink, la dernière danse de Zorba le Grec qui défie le sort, ce sirtaki inventé pour le film et le pied cassé d’Anthony Quinn. Et puis le point final de Mort à Venise, l’agonie lente au son de la Cinquième symphonie de Mahler, et la silhouette devenue minuscule de Dirk Bogarde qui s’affaisse sur le Lido.

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La vue de la mer (ou de l’océan) au loin fait battre le cœur fragile des nostalgiques et des malheureux, mais elle peut aussi susciter l’allégresse, voire initier de franches comédies. Parfois, cela dure le temps d’une scène. Celle de la marche d’Aldo Maccione, Jacques Brel, Charles Gérard, Charles Denner et Lino Ventura dans L’Aventure c’est l’aventure (1972) de Claude Lelouch, qui célèbre la figure du macho lourdaud et dragueur. On retrouve cette figure avec Les Bronzés de Patrice Leconte, qui nous font une joie de décliner ce prototype dans un club de vacances en Côte d’Ivoire.

La plage est aussi le paradis des comédies familiales, parfois populaires, comme Camping ou Mon père ce héros, parfois douces-amères, comme Liberté-Oléron ou La Baule-les-Pins. Si la plage s’anime souvent le temps d’un été, elle est parfois saisie Hors-saison, comme dans le très beau film du même nom de Stéphane Brizé, où Alba Rohrwacher et Guillaume Canet se souviennent qu’ils auraient pu s’aimer jusqu’à la fin. C’est sur la plage battue par les vents de Deauville qu’Un homme et une femme, Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, se retrouvent au son des chabadabada de Nicole Croisille. Et c’est en février, sur la plage déserte de Montauk que débute Eternal Sunshine of the Spotless Mind, là où est née l’histoire d’amour entre Clementine et Joel, et c’est là que l’esprit de ce dernier se réfugie pour la revivre encore un peu.

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La plage charrie son lot de tristesse et de drame. On pense au mari disparu de Charlotte Rampling dans Sous le sable d’Ozon, qui a filmé la plage sous toutes les coutures, ou, dans un autre registre, Wilson, le ballon de compagnie de Tom Hanks qui disparaît au large dans Seul au monde. Il y a aussi la fureur des combats. La guerre appelle souvent la mer au cinéma, qui multiplie les scènes (de bravoure souvent) de débarquement. On pense aux hélicoptères d’Apocalypse Now qui survolent la plage alors que les haut-parleurs crachent La Chevauchée des Walkyrie, à l’enfer de Dunkerque, vu par Nolan, puis enfin aux deux relectures les plus célèbres du débarquement de Normandie, Le Jour le plus long, film tellement pharaonique que pas moins de cinq réalisateurs se sont succédé pour le faire naître, et celui qui stupéfia le public tout en divisant la critique, Il faut sauver le soldat Ryan de Spielberg, et la scène terrifiante sur le débarquement à Omaha Beach. Haut les cœurs, à la plage au cinéma, il y en a pour toutes les humeurs.

15 x Malibu

Parmi les plages vues les plus souvent au cinéma, il y a celle de Malibu, théâtre d’ablutions en tous genres dans Grease, Fast & Furious, La Planète des Singes, Karaté Kid, The Big Lebowski, The Notebook, Point Break, True Romance, Charlie’s Angel… En France, l’incontournable est sûrement Saint-Tropez, havre du mythique Et Dieu… créa la femme donc, mais aussi de La Piscine avec Delon et Schneider, La Collectionneuse de Rohmer, L’Année des méduses avec Valérie Kaprisky, et bien sûr, les six volets des Gendarmes.

 

 

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