La Palme d’or décernée au réalisateur et dissident iranien Jafar Panahi pour « Un simple accident »

Jafar Panahi, Palme d'Or REUTERS/Manon Cruz

Le cinéaste et dissident iranien Jafar Panahi a reçu la Palme d’or à Cannes samedi pour son film « Un simple accident », tourné en clandestinité.

Le cinéaste de 64 ans, qui a pu se rendre à Cannes pour la première fois depuis 15 ans, a été récompensé pour ce conte moral auscultant la tentation d’anciens détenus de se venger de leurs tortionnaires.

Sa présence à Cannes marque sa première participation à un festival international de cinéma depuis sa condamnation en 2010 pour « propagande contre le régime« .

Le réalisateur multiprimé, qui a été emprisonné dans son pays pendant sept mois en 2022-2023 en vertu de cette condamnation, avait pu quitter Téhéran avec son équipe pour rejoindre Cannes. Jafar Panahi, qui a récupéré au printemps le passeport qui lui avait été confisqué en 2010, avait pu partir sans encombre de Téhéran. La semaine dernière, quatre membres de l’équipe du film ont cependant été convoqués par les forces de l’ordre iraniennes pour des interrogatoires.

Une puissante critique du régime iranien

Avec « Un simple accident », le cinéaste signe une puissante critique du régime iranien. Le film, qui n’a pas bénéficié de financements iraniens, été tourné clandestinement.
En décembre 2010, la justice avait condamné Jafar Panahi à 6 ans de prison pour « pour propagande contre le régime » et lui avait interdit de réaliser des films ou de quitter le pays pendant les vingt prochaines années.

En avril 2023, il avait toutefois pu quitter son pays pour se rendre momentanément en France. Pendant son assignation, Jafar Panahi a décroché l’Ours d’or à Berlin en 2015 pour « Taxi Téhéran », le prix du meilleur scénario pour « Trois visages » à Cannes en 2018 et le prix spécial du jury à Venise en 2022 pour « Aucun ours« . Il n’a pu recevoir aucune de ces distinctions en personne.

« Le plus important en ce moment, c’est notre pays et c’est la liberté »

« Je crois que c’est le moment pour demander à tous les gens, tous les Iraniens, avec toutes les opinions différentes d’autres, partout dans le monde, en Iran ou dans le monde, je me permets de demander une chose: mettons de côté (…) tous les problèmes, tous les différences, le plus important en ce moment, c’est notre pays et c’est la liberté de notre pays », a-t-il déclaré en farsi, selon la traduction fournie par le festival. « Ce qui importe le plus, c’est que le film ait été réalisé. Je n’ai pas pris le temps de penser à ce qui pourrait arriver. Je suis vivant tant que je fais des films », avait-il déclaré à l’AFP mardi.

En lui remettant la Palme d’or, la présidente du jury Juliette Binoche a évoqué la vocation des artistes à « transformer les ténèbres en pardon« . »L’art provoque, questionne, bouleverse. (…) L’art mobilise l’énergie créatrice de la part la plus précieuse, la plus vivante, en nous. Une force qui permet de transformer les ténèbres en pardon, en espérance, en vie nouvelle », a déclaré la star française.

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