Critique | Cinéma

Empire of light: les souvenirs de Sam Mendes

4 / 5
© National
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Titre - Empire of Light

Genre - Drame

Réalisateur-trice - Sam Mendes

Casting - Olivia Colman, Micheal Ward, Colin Firth

Sortie - En salles

Durée - 1h55

Critique - Jean-François Pluijgers

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Sam Mendes situe à l’époque de son adolescence un drame enivrant qu’il double d’un hommage inspiré au pouvoir du cinéma et de la musique.

À l’instar de The Fabelmans de Steven Spielberg ou de Belfast de Kenneth Branagh, Empire of Light, le nouveau film de Sam Mendes, est né pendant le temps suspendu de la pandémie, mis à profit par le réalisateur britannique pour se retourner sur le chemin parcouru. Et arrêter le curseur à l’époque de son adolescence, le début des années 80 dans l’Angleterre de Margaret Thatcher, cadre temporel d’un récit sensible infusé de ses souvenirs personnels.

Au cœur du film, on trouve le cinéma Empire, un établissement menacé de désuétude à l’image de sa salle de bal désormais désaffectée, dont la majestueuse façade art déco domine le front de mer d’une station balnéaire du sud de l’Angleterre -Margate, en l’occurrence, prisée en son temps par J.M.W. Turner. C’est là que l’on retrouve Hilary (Olivia Colman), gérante à la santé mentale fragile -“Je me sens un peu éteinte”, confiera- t-elle à son médecin-, responsable d’une petite équipe bienveillante venant d’accueillir un nouveau collaborateur, Stephen (Micheal Ward), un sémillant jeune homme noir. Entre la femme d’âge mûr tentant à grand-peine de tromper la solitude et n’en pouvant plus de subir les assauts du directeur (Colin Firth), et l’amateur de ska impatient de quitter une petite ville où il fait l’objet des agressions racistes des skinheads, une improbable connexion s’établit. Et le cinéma, avec sa petite communauté d’employés vaguement excentriques, de leur tenir lieu de cocon, fût-il en apparence délabré…

© National

Rapport au monde

Empire of Light a des allures de retour aux sources pour Sam Mendes, qui y renoue avec son histoire personnelle, mais aussi avec un cinéma à configuration plus modeste après s’être frotté, avec un incontestable bonheur d’ailleurs, à l’univers de James Bond (Skyfall et Spectre) puis au film de guerre (1917). C’est peu dire que cette veine intime réussit au réalisateur de Away We Go, qui signe là un drame délicatement bouleversant, que la photographie moirée de Roger Deakins enrobe d’une mélancolie qu’Olivia Colman, superbe comme toujours, habite à la perfection, jusqu’à libérer une émotion profonde. Mendes y ajoute une déclaration d’amour à la musique de l’époque, des Specials à Siouxsie and the Banshees, et au cinéma comme instruments d’un rapport au monde. Une proposition séduisante qui entraîne le film en terrain euphorisant. Si, comme le souligne l’impeccable Micheal Ward, “ce petit faisceau lumineux permet de s’évader”, il a aussi le pouvoir d’éclairer les ténèbres et, pourquoi pas, d’illuminer l’existence. Un postulat dont Hilary fera l’expérience en découvrant Bienvenue Mister Chance de Hal Ashby, et dont Empire of Light ravive le souvenir, l’ivresse vaguement nostalgique en option…

Empire of Light

De Sam Mendes. Avec Olivia Colman, Micheal Ward, Colin Firth. 1 h 55. Sortie: 01/03.

8

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