« Dark Places » continue sa chute
Dark Places est sorti en Belgique il y a plusieurs mois déjà, mais n’est à l’affiche que depuis le 7 août aux Etats-Unis. Déjà mal accueilli par la critique en Europe, le film continue sa descente aux enfers Outre-Atlantique. Le Washington Post a posé la question : comment un film adapté d’un livre du même auteur que le célèbre film Gone Girl pouvait aussi mal fonctionner ?
Gillian Flynn est le seul point commun entre Dark Places et Gone Girl. En effet, elle est l’auteure des deux bestsellers à l’origine des adaptations cinématographiques.
Gone Girl, réalisé par le célèbre David Fincher, est sorti en 2014 et a comptabilisé plus de 38 millions de dollars au box-office américain ainsi que 10 nominations lors de différents festivals cinématographiques. Un succès que ne rencontre pas Dark Places, le film réalisé par le français Gilles Paquet-Brenner, qui n’affiche pour le moment que 86 000 dollars de recettes lors la première semaine, révèle le journal américain Washington Post. A noter toutefois que Gone Girl était diffusé dans 3 014 salles contre 151 pour Dark Places.
Dark Places a pourtant tout pour plaire : un auteur à succès, un excellent casting et une trame intrigante. L’histoire se passe 1985. Libby Day a huit ans lorsqu’elle assiste au meurtre de sa mère et de ses soeurs dans la ferme familiale. Son accablant témoignage désigne son frère Ben, alors âgé de seize ans, comme le meurtrier. Trente ans plus tard, un groupe d’enquêteurs amateurs, appelé le Kill Club, convainc Libby de se replonger dans ses souvenirs de cette nuit cauchemardesque. De nouvelles vérités vont émerger, remettant en cause son premier témoignage, clé de la condamnation de son frère.
Au casting, Charlize Theron, Nicholas Hoult (Mad Max : Fury Road) mais aussi Chloë Grace Moretz (Kick-Ass). Et pourtant… « Paquet-Brenner adapte maladroitement le roman de Gillian Flynn. En dépit d’un bon casting, ce thriller perd, à mesure qu’il progresse, toute crédibilité » écrit le journal Le Monde dans sa critique du mois d’avril.
Et ce n’est pas le seul à fustiger le film. Mal accueilli par la critique en Europe, le film l’est tout autant Outre-Atlantique. Pour le Washington Post, il y a plusieurs explications à cela.
Un intérêt soudain pour le scénario
Le film s’est toujours proclamé comme une petite production indépendante. C’est en 2010 que Gilles Paquet-Brenner désire adapter le livre de l’auteure Gillian Flynn Les Lieux sombres (titre français). Ensemble ils écrivent le scénario du film Dark Places. Alors que le script touche à sa fin, Les Apparences (titre français, adapté au cinéma sous le nom Gone Girl), le nouveau livre de Flynn est publié en 2012.
Le roman devient rapidement un bestseller et la Fox achète les droits d’adaptation de l’oeuvre. D’un coup, le petit projet du réalisateur français intéresse alors tout le monde. « Au départ, c’était juste un petit thriller sombre qui n’avait d’intérêt pour personne« , explique le Gilles Paquet-Brenner.
Une sortie si proche de Gone Girl, que la comparaison est immédiate
« Dark Places a beau essayer de surfer sur le succès de Gone girl , il ne tient pas la comparaison très longtemps« , écrira la RTBF dans sa critique cinéma. Tous comparent. Et pour cause, Gone Girl est sorti un an avant.
Pourtant les deux films ont été tournés en même temps et David Fincher a sorti son film en premier. C’est un succès. Alors quand sort, un an plus tard, l’adaptation d’un livre du même auteur, le distributeur de Dark Places n’hésite pas à utiliser le succès de Gone Girl pour aider à la commercialisation de son film. Un choix de communication que déplore le réalisateur « Ce n’est pas rendre service au film. Ils sont différents, Gone Girl est un grand film de studio tandis que Dark Places est un film indépendant, tourné en 25 jours. Jouer sur le succès du premier c’est induire le spectateur en erreur. Le public est dans une attente, une attente à laquelle il nous est impossible de répondre. »
Des « producteurs horribles » selon le réalisateur
C’est lors d’une interview, accordée au site canadien DorkShelf, que Gilles Paquet-Brenner admet avoir eu des soucis avec la post-production et charge ses producteurs. « Les plus grands défis étaient certainement dans la post-production, mais pas nécessairement à cause de ce que nous avions tourné. Je veux dire, regardez juste la liste de producteurs sur IMDB et cela vous donnera une idée, de comment passer du rôle de directeur au rôle de celui qui essaye de garder son film vivant après les pressions de ces horribles producteurs », explique Gilles Paquet-Brenner.
De la télévision au cinéma, une distribution atypique
Le film fait ses débuts au mois d’avril en France, pays natal du réalisateur, et sort en vidéo à la demande (VOD) un mois plus tard. Mais aux Etats-Unis, le film suit un parcours atypique qui, selon le Washington Post, pourrait en partie expliquer son échec.
En effet, en novembre 2014, le producteur indépendant A24 et le service de télévision américaine DirecTV ont acheté les droits américains de Dark Places pour 3 millions de dollars. Aux Etats-Unis, le film est alors proposé, en exclusivité, sur la plateforme de télévision à la demande DirecTV dès le mois de juin, tandis qu’il ne sortira en salle que deux mois plus tard (le 7 août 2015).
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