Critique ciné: No Home Movie / I Don’t Belong Anywhere, le cinéma de Chantal Akerman

Belle actualité Chantal Akerman en cette rentrée, où paraissent simultanément le nouveau film de la réalisatrice belge, et un très intéressant documentaire consacré à son oeuvre.

No Home Movie nous emmène au coeur de ce qu’Akerman elle-même décrit comme le centre de son travail: sa mère et les rapports entretenus avec elle. La maman de Chantal n’est plus, mais son image est toujours là, démultipliée au fil de tournages en mode léger, perso, effectués par la cinéaste dans l’appartement bruxellois où vivait la vieille dame, et au fil de ses propres voyages par la grâce de Skype, avec lequel les deux communiquaient souvent. « Il n’y a plus de distance », constate Akerman qui veut « montrer que le monde est petit ». Les souvenirs s’échangent, l’amour circule, ainsi qu’une grande fierté réciproque. Et l’hommage à l’auteure de ses jours devient, sans aucune insistance, un cheminement vers soi-même offert en partage, comme une bonne partie de ce cinéma si particulier.

Marianne Lambert, dans I Don’t Belong Anywhere, apporte un éclairage de choix sur l’oeuvre de la réalisatrice de Jeanne Dielman et des Rendez-vous d’Anna. La voie du cinéma, la liberté comme condition, la recherche comme objet, le rapport au féminisme et à l’humanité, apparaissent de lumineuse manière. Ce portrait de l’artiste en nomade, produit dans la série Cinéastes d’aujourd’hui de la Cinémathèque de la Fédération Wallonie-Bruxelles, est une jolie réussite.