Clint Eastwood en six films d’exception
À 91 printemps bien frappés, l’acteur-réalisateur américain reprend du service dans Cry Macho, un film décontracté et attachant qui consacre également un demi-siècle passé derrière la caméra. Un parcours d’exception qui méritait bien un arrêt sur six images empruntées à sa filmographie.
Play Misty for Me, 1971
Entre The Beguiled et Dirty Harry, deux de ses collaborations les plus fameuses avec son mentor Don Siegel (qui apparaît dans le film sous les traits d’un barman), Clint Eastwood fait ses débuts à la réalisation avec Play Misty for Me. Il y campe un DJ d’une station de radio de Carmel qu’une auditrice poursuit de ses assiduités, attirance virant bientôt à l’obsession maladive, motif d’un thriller de vénéneuse facture distillant Un frisson dans la nuit (son titre français) au son d’Erroll Garner notamment…
Bird, 1988
Aux côtés du cinéma, la musique est l’autre grande passion d’Eastwood, qui y a consacré plusieurs films: le documentaire Piano Blues en 2003, mais aussi les biopics Jersey Boys (sur le groupe The Four Seasons), en 2013, et surtout Bird, en 1988, autour du parcours fulgurant du saxophoniste alto Charlie Parker, légende du jazz dont le génie se consumera prématurément dans ses démons. Un rôle magnifique et complexe qui vaudra à Forest Whitaker le prix d’interprétation à Cannes.
Unforgiven, 1992
Si le western n’a pas qu’un peu contribué à la légende de Clint Eastwood, immortalisé sous les traits de « l’homme sans nom » parmi d’autres, l’acteur-réalisateur le lui a bien rendu, multipliant les contributions inspirées au genre, de High Plains Drifter à Pale Rider, sans oublier, bien sûr, Unforgiven. Incarnant Bill Munny, hors-la-loi rangé des affaires avant d’être happé par une sombre histoire de vengeance, il signe un film d’une sombre beauté, quelque chose comme le western crépusculaire définitif.
A Perfect World, 1993
Il plane un fort parfum de mélancolie sur Un monde parfait, un film situé au Texas en 1963, quelques jours avant l’assassinat de JFK. Kevin Costner y trouve l’un de ses plus beaux rôles sous les traits de Butch Haynes, hors-la-loi s’évadant du pénitencier de Huntsville et prenant en otage un gamin avec qui il commence à se lier d’amitié alors qu’ils sont pris en chasse par des flics tenaces (emmenés par Clint). Entre polar et road-movie, un film de toute beauté, tendu de lyrisme discrètement bouleversant.
Mystic River, 2003
Le début des années 2000 est particulièrement faste pour le réalisateur, qui aligne coup sur coup deux purs chefs-d’oeuvre: Mystic River et Million Dollar Baby. Adapté d’un roman de Dennis Lehane, le premier est un drame d’un noir d’encre gravitant autour de trois amis d’enfance qu’un destin cruel a éloignés avant qu’un meurtre sordide ne les rapproche 30 ans plus tard. Eastwood filme cette tragédie intime avec sobriété et intensité, pour une plongée étouffante dans les tréfonds de la nature humaine.
American Sniper, 2014
De Sully à Richard Jewell en passant par The 15:17 to Paris, Clint Eastwood s’est employé, depuis quelques années, à saluer les héros « anonymes » de l’Amérique. Un mouvement amorcé en 2014 par American Sniper, son plus grand succès commercial et un film dans lequel certains ont voulu voir l’expression d’un patriotisme un peu rance. C’est mal connaître le réalisateur qui, au détour du portrait du sniper le plus efficace de l’armée US, croque une figure en définitive plus ambivalente qu’héroïque…
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