Critique | Cinéma

C’est pas moi: Leos Carax signe un autoportrait touché par la grâce

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© Jean-Baptiste Lhomeau
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Titre - C'est pas moi

Genre - Autoportrait cinématographique

Réalisateur-trice - Leos Carax

Sortie - En salles le 17 juillet 2024

Durée - 0 h 42

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Avec C’est pas moi, Leos Carax produit un essai cinématographique qui nous laisse entrer dans son cerveau. Un moyen métrage magistral.

Pour une exposition qui n’a finalement pas eu lieu, le Centre Pompidou avait demandé au génial réalisateur de Boy Meets Girl, Mauvais sang, Les Amants du Pont-Neuf, Pola X, Holy Motors et autre Annette de répondre en images à la question suivante: « Où en êtes-vous, Leos Carax? » Inspiré et malin, ce dernier ne se débine pas et se lance dans une réponse elle-même bourrée d’interrogations qui flirte, tout en délicieuses pirouettes et cabrioles, avec une certaine idée du vertige. Carax, l’oiseau rare, y réussit la gageure de sortir de sa réserve tout en restant secret, posant un geste expérimental ouvertement godardien pour mieux se raconter, raconter son époque et son rapport au 7e art. Entre journal intime, lettre filmée, autoportrait ludique, essai introspectif et collage-monde, C’est pas moi, pur objet de cinéma qui fascine et éblouit, semble vouloir ouvrir une porte dans le cerveau du réalisateur pour donner à voir la fabrique en ébullition d’un inventeur fou, poète funambule définitivement touché par la grâce.

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Ainsi, avec C’est pas moi, Carax, qui pleure et rit, rumine et bondit, fait le point sur sa vie, ses tourments et ses obsessions, dans un sens quasiment optique: c’est comme s’il ajustait les lentilles de sa caméra intérieure pour assurer la netteté de sa prise de vue sur cette éternelle nébuleuse qu’est sa propre persona. Au cœur de ce montage kaléidoscopique diablement inventif où se télescopent les images et les mots, l’esthète consent aussi ponctuellement à sortir de sa tour d’ivoire pour se frotter à la politique et aux tragédies de la grande Histoire. Intello et sensoriel à la fois, hanté par la mort et pourtant gorgé de vie, ce patchwork libre et facétieux, d’une richesse possiblement inépuisable, embarque le spectateur dans un voyage éminemment singulier qui donne aussi bien le tournis qu’une foi inébranlable dans le cinéma. Ne manquez surtout pas le générique de fin, vous ne verrez rien de plus beau cet été!

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