Titre - Civil War
Réalisateur-trice - D’Alex Garland.
Casting - Avec Kirsten Dunst, Cailee Spaeny, Wagner Moura.
Durée - 1 h 49
Alex Garland nous montre les ravages d’une deuxième guerre de Sécession américaine à travers les yeux de reporters. Glaçant.
Peu importe qui l’aura déclenchée et pourquoi, comment elle s’est envenimée ou quel camp avait raison. Quand la deuxième guerre de Sécession américaine aura éclaté, tout ça ne changera pas grand-chose. Il ne restera que la désolation des attentats-suicides, des bombardements de civils innocents, des charniers remplis par camions entiers, des lynchages des traitres, des ennemis torturés et des masses de réfugiés. Le réalisateur Alex Garland met tout cela en images sans filtre, sous la lumière crue du jour. Son provocant Civil War devrait relever de la science-fiction ou de la dystopie, mais il s’avère terriblement crédible. De quoi filer des frissons.
Le Britannique, qui s’est fait connaître en tant que scénariste avec 28 jours plus tard et en tant que réalisateur avec les films de science-fiction aussi épatants sur la forme que sur le fond Ex Machina et Annihilation, ne prend pas de pincettes et plonge d’emblée le spectateur dans la folie d’une guerre civile. Il n’y suit pas de rebelles, de soldats ou de politiciens, mais quatre témoins professionnels. Quatre reporters qui traversent en voiture les états-Unis déchirés par la guerre, dans l’espoir de mettre la main sur le président à Washington DC.
Cailee Spaeny, vue dans le Priscilla de Sofia Coppola, impressionne à nouveau dans la peau d’une débutante qui ambitionne de se faire une place comme photographe de guerre. Mais c’est Kirsten Dunst, tout en concentration, qui, avec un regard de plus en plus anxieux et déprimé, apporte la charge émotionnelle nécessaire à ce film de guerre féroce, intense et glaçant. Elle incarne une photoreporter chevronnée, qui a déjà vu et immortalisé toutes les horreurs possibles. Mais c’était dans des zones de guerre lointaines, pas chez elle, pas dans son Amérique si fière, si puissante, et finalement pas si sûre. On sent son désespoir grandir. Une désillusion totale.
Alex Garland s’abstient de tout commentaire sur les actuels candidats à la présidence, leur manque de respect pour la démocratie et leur partisans fanatiques. Les causes de la guerre civile sont ici à peine évoquées. On apprend cependant que le Texas et la Californie ont fait sécession et forment une coalition pour renverser un président qui s’est autorisé un troisième mandat anticonstitutionnel et qui bombarde son propre peuple.
Le style-vérité confrontant, aux images fortes, et un design sonore qui vous plonge au cœur de l’enfer rendent le plus grand cauchemar de l’Amérique étonnamment réel. Mais ce film anti-guerre se heurte au paradoxe d’Apocalypse Now: s’il est censé effrayer, de façon assez cruelle, plusieurs scènes d’action ont aussi un côté exaltant. C’est et ça reste un film. Un film puissant et violent, qui aboutit à cette conclusion: puisse Civil War rester encore longtemps de la science-fiction.
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