Blood Father, le grand retour de Mel Gibson
Il revient, et il est repenti! Désireux de tourner la page des ennuis judiciaires, qui l’ont éloigné des plateaux de tournage, Mel Gibson retrouve le cinéma d’action qui a fait son succès -devant la caméra de Jean-François Richet, le réalisateur de Mesrine.
« Ça me fait du bien d’être de retour, je ne peux pas le dire autrement. J’ai pris un break un peu forcé, mais je pense que c’est derrière moi. Aujourd’hui je veux avant tout raconter de bonnes histoires, comme acteur ou comme réalisateur. » Et c’est tout. Le déterminisme affiché par la star lorsque nous la rencontrons au festival de Cannes contraste un peu avec son attitude. Agité de tics nerveux, mesurant ses mots, l’interprète de L’Arme fatale n’est manifestement pas à l’aise. Certes, il n’a jamais porté les journalistes dans son coeur, mais sans doute mesure-t-il aussi qu’il négocie un passage critique de sa carrière agitée. « Je suis davantage dans le circuit indépendant maintenant. On a moins de moyens, mais on a autant d’ambition et plus de liberté. L’industrie ne prend plus de risque aujourd’hui. Donc si vous n’êtes pas un super-héros il vaut mieux se débrouiller ailleurs. Malheureusement, ça prend du temps. » En effet, les films dits « du milieu » sont en voie de disparition à Hollywood. Entre le cinéma d’auteur à petit budget et les blockbusters tout public à 300 millions de dollars, il ne semble plus y avoir de place pour des films de genre plus libres dans leur ton comme ceux qui ont rythmé la carrière de Gibson. Il n’y a qu’à se rappeler que George Miller a mis douze ans à financer son dernier Mad Max, qu’il a finalement dû tourner sans son ancien complice, alors en pleine tourmente.
Autre exemple: « Mon prochain film comme réalisateur, Hacksaw Ridge, est un film qui parle de l’Amérique, mais qui est 100% australien. Nous avons tourné dix mois là-bas avec des acteurs du monde entier. C’est un film de guerre avec la moitié du budget que j’avais eu il y a 20 ans pour Braveheart! Blood Father a été tourné en 30 jours seulement, un sacré défi pour Jean-François! Le métier est devenu plus dur, c’est certain. » Et il n’y a pas que les budgets qui sont plus difficiles à boucler. « Avec l’âge, il faut travailler davantage les séquences d’action. Non pas qu’elles soient forcément plus difficiles à faire, mais on se blesse plus facilement! Je sais encore me rouler par terre, mais je dois faire attention à mon dos. Les temps changent… »
Les temps changent et pourtant Blood Father fleure bon les séries B plus violentes mais aussi plus insouciantes des années 80 et 90. « Lors des projections test le public disait: « C’est un film à l’ancienne, comme on n’en fait plus. « Au début ça m’a fait bizarre, j’avais peur qu’ils pensent ça dans le mauvais sens. Mais j’ai vite compris que c’était un compliment! Notre démarche les a touchés au coeur. C’est comme un disque vinyle, on entend la poussière dans les sillons!«
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Et si le film s’inscrit sans peine dans la continuité de la carrière de Gibson (comme si la traversée du désert n’avait pas eu lieu), le personnage de John Link, ex-alcoolique violent cherchant le repentir, renvoie lui directement aux problèmes personnels de l’Américain, même s’il préfère pudiquement évoquer »des amis« qui ont connu les « mêmes démons ». »J’aime observer comment les gens changent, comment ils se rachètent.« Link est « un homme bon avec un passé obscur« ,prêt à sacrifier jusqu’à sa vie pour racheter les erreurs de sa fille. Une posture qui n’a pas manqué d’interpeller le réalisateur de La Passion du Christ. « Certaines choses valent la peine de mourir. Une cause juste, une personne que l’on aime. Le sacrifice est présent dans les mythes et les religions depuis la nuit des temps et pour moi c’est toujours une notion positive. Ça me donne du courage, ça m’inspire. » Néanmoins lorsqu’on lui demande ce qu’il a lui-même accompli de plus héroïque dans sa vie, il répond avec humour et humilité: « J’ai mangé une fois à côté d’un cascadeur! »
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