Critique | Cinéma

Birthday Girl: quand une croisière de luxe vire au drame

3,5 / 5
3,5 / 5

Titre - Birthday Girl

Genre - Drame

Réalisateur-trice - de Michael Noer

Casting - Avec Trine Dyrholm, Flora Ofelia Hofmann Lindahl, Herman Tommeraas.

Sortie - En salles le 4 septembre 2024.

Durée - 1h35

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Dans Birthday Girl, Trine Dyrholm campe avec détermination une mère en quête de vérité et de justice suite au viol de sa fille en pleine croisière de luxe.

Sur papier, le pitch de Birthday Girl rappelle d’abord furieusement celui de Calme blanc (Dead Calm de Phillip Noyce, 1989), thriller australien dérangeant où un inquiétant et malsain Billy Zane abuse d’une jeune Nicole Kidman terrorisée sur un yacht au milieu du Pacifique. Mais les enjeux diffèrent ici rapidement. Drame psychologique danois écrit et réalisé par l’expérimenté, et adepte des huis clos, Michael Noer (le drame carcéral R, le remake de Papillon), le film cueille Nanna au moment où elle embarque pour une croisière de rêve vers les Caraïbes en compagnie de sa fille Cille, qui s’apprête à célébrer son 18e anniversaire, et de la meilleure amie de celle-ci.

Les relations sont certes tendues, voire houleuses, entre mère et fille, mais chacune semble décidée à prendre du bon temps à bord de ce paquebot aux allures d’immense et vulgaire fête permanente où la sueur et l’alcool coulent à flots. Au petit matin, néanmoins, quand Cille est retrouvée seule sur le pont, il apparaît assez clairement que cette dernière a été violée par l’un des passagers. En pleine gueule de bois, la croisière ne s’amuse plus du tout. Commence alors pour Nanna, mère horrifiée par les événements, une quête de vérité et de justice qui ne va cesser de venir buter sur l’hypocrisie et la mauvaise foi des uns et des autres…

Piège en eaux troubles

Formidable actrice danoise appréciée notamment chez Thomas Vinterberg (Festen, Kollektivet) et Susanne Bier (In a Better World, Love Is All You Need), Trine Dyrholm compose en Nanna un inoubliable bloc de détermination en pleine descente aux enfers dans un huis clos sur mer anxiogène et claustro qui est aussi un plaidoyer vibrant pour la libération de la parole. Réalisé avec un savoir-faire jamais pris en défaut par Noer, le film tend vers une subjectivation intense de l’expérience de cette mère au visage travaillé par la douleur et l’incompréhension tandis qu’elle évolue au cœur d’une ville flottante pensée comme un véritable personnage à part entière.


Esthétiquement (un recours notamment à des couleurs fluo à la Spring Breakers pour mieux sonder l’envers sombre de la superficialité festive) et thématiquement (la question cruciale du consentement), Birthday Girl rappelle au fond souvent le récent How to Have Sex de Molly Manning Walker, en beaucoup moins racoleur et prétentieux. Se refermant comme un piège infernal, au mystère plombé et à l’ambivalence trouble, sur ses personnages et le spectateur, le film laisse aussi espérer une reconnexion quasiment sororale entre la mère et la fille. Dommage que son dernier quart d’heure manque parfois de subtilité, mais il y a là assurément matière à s’émouvoir et, plus encore, à réfléchir.

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