Le film du jour de la Mostra: Argentina, 1985, de Santiago Mitre

Les avocats Julio Strassera (Ricardo Darin) et Luis Moreno Ocampo (Peter Lanzani), Argentina 1985 © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Quatre ans après El Presidente, le cinéaste argentin Santiago Mitre s’inspire de faits réels pour Argentina, 1985, revenant sur les circonstances qui devaient conduire au procès des dirigeants de la junte militaire à la tête de son pays de 1976 à 1983 – un procès passé à la postérité comme étant le premier où la justice civile condamnait une dictature.

S’il n’escamote en rien la teneur dramatique des événements, Mitre s’emploie à mener l’entreprise avec l’efficacité d’un thriller, s’autorisant même une certaine légèreté et diverses touches d’humour. L’action, elle, se concentre sur les procureurs Julio Strassera (Ricardo Darin) et Luis Moreno Ocampo (Peter Lanzani), et leurs efforts, assistés d’une équipe de jeunes juristes enthousiastes, pour recueillir des témoignages et réunir des preuves dans la perspective du procès. Une gageure dans un contexte de manœuvres d’intimidation incessantes et de menaces à répétition, et alors même que les militaires disposaient encore d’entrées dans les cercles du pouvoir.

Articulé autour d’un scénario habile, Argentina 1985 captive 2h15 durant.  Santiago Mitre réussit à préserver la tension dramatique tout au long d’un récit tour à tour poignant – les témoignages ont été empruntés à la réalité – et galvanisant.

Peter Lanzani et Ricard Darin transforment pour leur part l’essai, avocats inspirés d’une cause dépassant le cadre de la reconstitution soignée pour trouver une résonance intemporelle. Fort.

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