Après 50 nuances de Grey, Dakota Johnson teste le couple libre dans Spitsville, plus drôle que hot

Dakota Johnson imprime sa marque, pour la deuxième fois cet été, sur une comédie romantique iconoclaste

Avec Splitsville (Libre échange), Dakota Johnson imprime sa marque, pour la deuxième fois cet été, sur une comédie romantique iconoclaste. Dix ans après Fifty Shades of Grey, elle n’hésite pas cette fois à donner elle‑même le coup de fouet.

Spitsville (Libre échange)

Comédie de Michael Angelo Covino. Avec Kyle Marvin, Dakota Johnson, Adria Arjona.

1h45.

La cote de Focus: 3,5/5

En 2025, existe-t-il encore une solution miracle pour maintenir son couple à flot? Selon Paul (Michael Angelo Covino) et Julie (Dakota Johnson), le succès de la longévité réside en un seul mot: liberté. Liberté d’aller voir ailleurs, de faire un petit pas de côté de temps en temps, de s’éloigner de cette monogamie du fond des âges qui nous enchaîne et nous restreint. Lorsque Carey (Kyle Marvin), le meilleur ami de Paul, voit son couple s’écrouler, il tente lui aussi l’aventure périlleuse des relations ouvertes. Commence alors un ballet ininterrompu d’amants, de rencontres et de quiproquos, soutenu par une réalisation virtuose, des dialogues ciselés et un comique visuel irrésistible. On regrettera simplement que le scénario s’éloigne peu à peu de son sujet au profit d’un portrait plus convenu de la rivalité toxique entre Carey et Paul, qui finit par empiéter sur l’écriture des personnages féminins.

J.D.P.

«Pas de questions personnelles!» L’injonction apparaît pour la cinquième fois sur notre écran, avant même l’apparition de Dakota Johnson. La raison va de soi: les sorties de Materialists et Splitsville, deux comédies romantiques alternatives, coïncident avec la fin de la relation longue de huit ans de la comédienne avec Chris Martin, le chanteur de Coldplay. Fille de Don Johnson (Miami Vice) et Melanie Griffith (Working Girl), elle n’a de toute façon jamais étalé sa vie privée, et certainement pas sur les réseaux sociaux: «Je n’aime pas m’exposer. J’ai déjà si peu d’intimité, je n’ai aucune envie de livrer le reste de ma vie en pâture.»

Au début de l’été, elle incarne une marieuse professionnelle dans Materialists, de Celine Song; elle est aujourd’hui à l’affiche de la comédie loufoque Splitsville, programmée à Cannes au milieu de longs métrages plus ambitieux, histoire de rire un peu. «Je ne mettrais pas les deux films dans le même sac, prévient-elle. L’énergie y est tout à fait différente. Cela m’avait déjà frappée durant le tournage. Splitsville était un plateau très chaotique. Materialists était incroyablement convivial et plein d’amour.»

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Sans jugement

Le pitch? Deux couples mettent leur relation amoureuse sens dessus dessous et expérimentent sans discernement des formes de «relation libre». «Ce qui m’enthousiasmait surtout, c’était de travailler avec Michael Angelo Covino et Kyle Marvin, explique l’actrice américaine. Leur film The Climb témoignait d’un grand culot et d’un vrai sens de l’humour. Leur grande force, ce sont leurs gags et le fait qu’ils sont parfaitement accordés. Pendant l’écriture ou le jeu, ce sont des partenaires, à égalité, qui s’incitent mutuellement à aller toujours plus loin. Mais sur le plateau, il n’y a qu’un seul réalisateur. Les choix de Mike (Covino) ne sont jamais remis en question.»

Ce qui ne l’a toutefois pas complètement rassurée au départ. «Sur le papier, Splitsville avait l’air passablement débridé. Le tournage a été intense. Je n’étais pas sûre que cela fonctionnerait. J’ai trouvé le résultat final drôle et singulier, mais on peut difficilement prévoir comment un tel film sera reçu.» Les doutes se sont envolé lors de la sélection cannoise: «Le moment fut haletant, à se ronger les ongles, rit-elle. Même si The Climb avait été très bien reçu, les comédies sont rarement prises en considération sur la Croisette.»

Il n’y a pas de jugement sur les couples libres dans Splitville. «Pour les couples du film, ce type de relation ne fonctionne pas vraiment, commente Dakota Johnson. Il y a bien de l’amour, mais c’est assez barje. Je voulais montrer la douleur intérieure et les frustrations de mon personnage, tout en évoquant aussi le fait que Julie ne baisse pas les bras, qu’elle tente de prendre soin de tout le monde. Mais le film, en effet, ne porte aucun jugement.» Même s’il suggère que des formes alternatives de relation deviendront de plus en plus courantes. «Personnellement, je n’ai pas d’avis sur la question, assure-t-elle. Si cela fonctionne pour certains, tant mieux.»

Dakota Johnson préfère souligner l’humour du film. «Faire rire les gens, c’est formidable. Tout le monde sait désormais que rire est bon pour la santé et aide à relativiser.» A peine trois secondes plus tard, elle nuance toutefois : «Splitsville se rapproche, je pense, davantage du cinéma d’auteur que des comédies romantiques commerciales. C’est un film artistique, avec un jeu de caméra fantastique. Nous avons même tourné en argentique. Mike est un véritable cinéaste, il se trouve simplement qu’il est aussi très drôle.»

Nos personnages ne sont pas des anges. C’est précisément pour cela que les gens se reconnaîtront en eux.»

L’ombre de Fifty Shades

Les deux comédies romantiques dans lesquelles apparaît Johnson cet été sont une réponse au premier revers de carrière auquel elle a récemment fait face. Madame Web, quatrième film du Spider‑Man Universe de Sony, dans lequel elle incarne la voyante Cassandra Webb, s’est soldé par un échec cuisant. Et l’actrice en a payé les pots cassés en décrochant un Golden Raspberry Award (Razzie) de la pire actrice. Une «expérience cauchemardesque», dit-elle. Elle a «tenté» d’être un super‑héros, elle a «échoué». En cause, selon elle: l’addiction d’Hollywood aux remakes et son aversion du risque. «La prise de risques, c’est ce qui fait la différence. Les spectateurs apprécient qu’on ne leur mâche pas tout. Or, à force de toujours faire la même chose, on ne s’améliore pas. Dans Splitsville, nous avons fait le choix d’une honnêteté totale. Les personnages ne sont pas des anges. C’est risqué, mais c’est précisément cela qui fera que les gens se reconnaîtront en eux

Dakota Johnson doit le coup de kick de sa carrière à Fifty Shades of Grey et ses deux suites. Dans les adaptations des livres érotiques d’E. L. James, elle incarne l’étudiante en littérature Anastasia Steele, sexuellement attirée par un millionnaire aux préférences sadomasochistes. Dix ans plus tard, la saga continue d’alimenter l’imaginaire. Kinepolis projettera d’ailleurs, le 27 septembre, les trois Fifty Shades à l’occasion du Cinquante nuances marathon. «Je suis très reconnaissante à Fifty Shades, confie l’actrice. En réalité, cela vaut pour tous les films que j’ai eu la chance de faire.»

Après l’érotisme soft, elle a toutefois tourné le dos au cinéma mainstream avec, entre autres, A Bigger Splash et Suspiria de Luca Guadagnino, et The Lost Daughter de Maggie Gyllenhaal. «Convaincre des réalisateurs de ce calibre n’a pas été difficile, assure-t-elle. J’ai la chance de rencontrer de nombreux cinéastes formidables et je veille ensuite à ce que l’échange se poursuive. Je cultive ces relations. Cela ne conduit pas souvent à une collaboration, mais lorsque ça arrive, c’est formidable.»

Gagner en pouvoir de décision reste son ambition pour les prochaines années. En 2020, elle a d’ailleurs fondé la société de production TeaTime Pictures. «L’objectif est de collaborer avec des cinéastes courageux et uniques comme Mike et Kyle. En tant que productrice, on a davantage son mot à dire qu’en tant qu’actrice. Cela donne envie d’aller plus loin.»

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire