À l’origine d’Apolonia, Apolonia, il y a un portrait documentaire que doit réaliser Lea Glob en 2009, dans le cadre de ses études à la National Film School du Danemark. Sa rencontre avec la peintre figurative française Apolonia Sokol fait office de révélateur, la cinéaste en devenir, fascinée par son modèle, décidant bientôt de la suivre pendant rien moins que treize ans, le travail d’études se transformant en documentaire au long cours. Pour un résultat éminemment singulier, accompagnant l’artiste tout au long d’une expérience qui la conduira de la bohème du théâtre parisien clandestin dans lequel elle a grandi à l’école des Beaux-Arts, et jusqu’à Los Angeles, où elle bataille pour s’imposer dans le monde impitoyable de l’art contemporain.
Avant de décider de ne pas y sacrifier son âme et de revenir en Europe. Un parcours sinueux placé sous le signe de la quête viscérale de liberté, où l’engagement artistique se confond avec son pendant féministe, nourri notamment au contact de son amie activiste ukrainienne Oksana Chatchko, cofondatrice des Femen. Soit la matière d’un film passionnant, plongeant au cœur du processus créatif en réussissant, grâce à son cadre temporel extensif, à donner la mesure de l’évolution de l’artiste et des enjeux sous-tendant sa démarche. À quoi Lea Glob entremêle bientôt sa propre expérience, le portrait d’Apolonia Sokol se doublant de l’autoportrait, parfois un peu trop envahissant, de la réalisatrice, ce documentaire à la première et la troisième personnes se posant, en définitive, en témoin du combat de deux jeunes femmes pour s’affirmer dans le monde d’aujourd’hui.
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