75e Mostra de Venise, un programme monstre
S’ouvrant mercredi sur First Man de Damien Chazelle, la 75e Mostra de Venise déroulera, dix jours durant, un programme propre à donner le tournis. Et faire de l’ombre à Cannes?
Donnée pour moribonde il n’y a pas si longtemps encore, la Mostra de Venise n’en finit plus, depuis quelques années maintenant, de renaître de ses cendres. Si Cannes demeure sans conteste le premier festival de cinéma au monde, tant par la qualité des films en sélection(s) qu’en raison de son incontournable Marché, la Sérénissime se pose désormais en concurrente sérieuse -démonstration avec un plateau 2018 qui, des 21 films concourant au Lion d’or, à ceux présentés hors-compétition ou encore en section « orizzonti », s’annonce tout simplement étincelant.
Ce retour en grâce, la manifestation transalpine le doit notamment aux studios hollywoodiens qui, désertant insensiblement la Croisette où leurs productions se faisaient régulièrement laminer (deux films américains à peine y étaient présentés en compétition en mai dernier, à savoir BlackKklansman de Spike Lee, et Under the Silver Lake de David Robert Mitchell), ont décidé d’investir le Lido, faisant de la Mostra la rampe de lancement idéale pour les Oscars. Amorcée par Gravity d’Alfonso Cuaron en 2013, la tendance s’est confirmée depuis, Birdman d’Alejandro Gonzalez Inarritu, Spotlight de Tom McCarthy, La La Land de Damien Chazelle, Three Billboards de Martin McDonagh ou encore The Shape of Water de Guillermo Del Toro, ayant tous été présentés à Venise avant de truster les honneurs au Kodak Theater de Los Angeles. Sans surprise, les productions américaines se bousculent dès lors au générique de la 75e Mostra, toujours confiée à la direction artistique d’Alberto Barbera. L’on y découvrira notamment First Man de Damien Chazelle, ouverture de prestige où Ryan Gosling campe Neil Armstrong, le premier homme ayant marché sur la Lune, le remake signé Bradley Cooper de A Star is Born, avec Lady Gaga dans le rôle principal, Vox Lux de Brady Corbet, avec le duo Natalie Portman et Jude Law, ou encore At Eternity’s Gate de Julian Schnabel, où Willem Dafoe prête ses traits à Vincent Van Gogh. Un échantillon que complète un brelan de productions Netflix (le conflit stérile opposant Cannes à la plateforme de streaming aura donc poussé cette dernière dans les bras de la rivale vénitienne) signées Joel et Ethan Coen (The Ballad of Buster Scruggs), Alfonso Cuaron (Roma) et Paul Greengrass (22 July)…
La suite du programme est tout aussi alléchante, qui propose rien moins que la crème du cinéma d’auteur -en ce compris une kyrielle de cinéastes plutôt habitués du rendez-vous cannois, le Lungomare Marconi étant résolument appelé à prendre des petits airs de Croisette… Ainsi, par exemple, de Jacques Audiard (dont le dernier opus, Dheepan, avait, pour mémoire, remporté… la Palme d’or), qui débarque au Lido avec The Sisters Brothers, d’après le roman de Patrick deWitt, coproduction internationale où l’on retrouve notamment Joaquin Phoenix et Jake Gyllenhaal; Olivier Assayas, avec Double vie, qui réunit Juliette Binoche, Guillaume Canet et Vincent Macaigne; Yorgos Lanthimos pour The Favourite, avec Emma Stone et Rachel Weisz; Laszlo Nemes, le réalisateur du Fils de Saul, avec Sunset; Pierre Schoeller avec le drame historique Un peuple et son roi; Carlos Reygadas, de retour six ans après Post Tenebras Lux, avec Nuestro Tiempo… L’on en passe et non des moindres, comme le vétéran britannique Mike Leigh, qui présentera Peterloo, le Chinois Zhang Yimou avec Shadow, l’Argentin Pablo Trapero avec La Quietud ou Valeria Bruni Tedeschi pour Les Estivants. S’y ajoute un imposant volet documentaire, réunissant entre autres Frederick Wiseman (Monrovia, Indiana), Amos Gitai (A Letter to a Friend in Gaza), Tsai Ming-liang (In Your Face), Sergei Loznitsa (Process), etc.
Joachim Lafosse, du Maroc au Lido
Last but not least, si le cinéma italien sera logiquement bien représenté (avec trois films en compétition, dont le remake par Luca Guadagnino (Call Me By Your Name) du Suspiria de Dario Argento, mais aussi, en séance spéciale, la mini-série HBO L’Amica geniale de Saverio Costanzo, inspirée de l’oeuvre d’Elena Ferrante, ou encore, hors-compétition, Una Storia senza nome, de Roberto Ando), le cinéma belge déléguera pour sa part une kyrielle d’acteurs mais aussi deux longs métrages sur le Lido. À savoir Emma Peeters, deuxième long métrage de Nicole Palo dix ans après Get Born, et Continuer de Joachim Lafosse, expédiant Virginie Efira et Kacey Mottet-Klein au Kirghizistan, avec détours par le Maroc, pour le tournage, et par le Lido pour une première aux Giornate degli Autori guettée non sans impatience…
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