Céline Gillain
Un bourdonnement sourd. Le bruit d’un couperet métallique. Et puis, dans le couloir, des pas qui se rapprochent, lentement. Le premier album de Céline Gillain démarre un peu comme un film d’horreur. De sa voix de pythie glaçante, l’artiste/performeuse expérimentale bruxelloise annonce: » It’s not easy to be free, but then it’s hard not to be » . De fait, la liberté est bien ce qui caractérise le mieux Bad Woman. L’humour aussi. En l’occurrence, Céline Gillain n’en manque jamais. Un mélange de fantaisie laminée à froid et d’ironie pince-sans-rire, qui fait marrer autant qu’elle perturbe. Exemple avec le piano de Bad Woman: une sorte de riff house music, pour une fête qui se déroulerait dans une maison hantée.
Cela fait un moment que Céline Gillain fraie dans la scène électronique expérimentale bruxelloise. Membre du collectif The After Lucy Experiment, glissant régulièrement des mix pour la webradio The Word, elle a sorti ses premiers morceaux sur Les Disques Lexi, le microlabel bruxellois de Catherine Plenevaux. Cette fois, Bad Woman est distribué par Drama (abrité par l’enseigne parisienne Antinote). Entre les expérimentations de Laurie Anderson et le minimalisme électronique d’une productrice comme Jlin, Céline Gillain concocte une pop électronique ( In the Arena, le quasi dance I’m Grateful), à la fois angoissante ( Wealthy Humans) et joyeusement tordue ( Fight or Flight). Au passage, on y devine également un sous-texte plus politique. Un peu à la manière des sorcières évoquées par l’auteure féministe Mona Chollet dans son dernier essai, Céline Gillain s’affiche en Bad Woman, aussi aventureuse que farouchement indépendante. Épatant.
« Bad Woman »
Distribué par Drama.
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