RENCONTRES DE RUE, DE SPORT OU DE MÉTRO, D’ENCASQUÉS DIVERS.

Davis 51 ANS, RESPONSABLE ÉDUCATIF

« J’ai un casque, parce que je ne supporte pas le côté intrusif des oreillettes. C’est un Sony, utilisé dans le contexte sportif, de qualité moyenne parce qu’il y a l’humidité des vestiaires, la transpiration, les chocs éventuels. Le casque m’aide à me concentrer, à me couper du bruit des machines et de la musique ambiante des salles de sport, souvent à la limite de l’insupportable, genre rhythm’n’blues passe-partout ou David Guetta. Il me sépare de cet univers que je trouve stressant, et je fais attention au volume utilisé qui reste raisonnable.

J’ai passé l’âge où le casque relève de l’identification sociale, d’une manière de se catégoriser. On le voit bien avec un marché très compétitif où les rappeurs comme Dr Dre ou Jay-Z, lancent leur propre modèle. Ma sélection musicale est hyperéclectique: Nina Simone, Major Lazer, Rudimental, Bowie, Sly & The Family Stone, IsaacHayes, Ian Dury et puis The Clash, je suis fan de Joe Strummer. London Calling, Miss You des Stones et What’s Going On de Marvin Gaye sont mes musts. »

Victor 15 ANS, LYCÉEN

« J’ai un Sony, payé 70 euros. J’aime son esthétique et je trouve que c’est un bon rapport qualité/prix parce qu’en dessous de 50 euros, ce n’est pas terrible. J’avais un Westbridge mais il s’est cassé et même si je peux fantasmer sur un Bose, ce n’est pas dans mes prix. Généralement, plus les casques sont chers, plus ils sont encombrants et ces modèles-là ne sont pas pratiques pour le sport. Il paraît que le casque est mieux pour la sauvegarde de l’ouïe que les oreillettes, le désavantage est qu’on ne peut pas laisser un côté libre ou simplement écouter de la musique à deux. Le casque crée une bulle et c’est pour cela que je ne le prends pas si je suis avec un ami. J’aime écouter des musiques avec du rythme, de la basse, comme le rap d’Eminem ou alors des choses calmes comme Jali. »

Justine 20 ANS, ÉTUDIANTE EN RELATIONS PUBLIQUES

« C’est un Audio-Technica acheté à New York pour 50 dollars, chez B & H, un magasin tenu par des juifs religieux. Vingt ou trente euros de moins que le prix belge. En fonction de mon budget, c’est ce que l’on m’a conseillé: je l’ai essayé et il isolait beaucoup mieux de l’extérieur que les autres modèles, y compris dans l’avion où il coupe de tout bruit. Il me met dans mon propre monde, me transporte. Les oreillettes sont moins pratiques parce que le casque tient bien sur la tête.

Je l’ai déjà utilisé pour aller faire du sport mais le fil est trop long (…): je le branche souvent à mon ordi quand il y a d’autres gens dans la pièce ou alors dans l’avion. J’écoute une grande variété de musiques mais je suis principalement bercée par le chant et le piano de Nina Simone, d’Antony, et aussi, ces temps-ci, par Queen. Je m’interdis toute « musique commerciale » et je n’aime pas quand le volume est trop fort. Non, le casque n’est pas du tout un sujet de discussion entre nous, beaucoup de jeunes se contentent d’écouteurs MP3, mais un casque est plus efficace quand il y a des parasites, c’est-à-dire l’inverse de la solitude et du silence. »

Laurence 33 ANS, LIBRAIRE ET MUSICIENNE

« J’aime le beau son, d’où l’achat d’un Bose qui m’a coûté 150 euros: le casque reste un fantasme et si j’avais plein de sous, je pousserais bien pour un modèle plus coûteux à 300 ou 400 euros.

Cela se rapproche du fétichisme même si ce n’est pas tout à fait ça… J’avais déjà testé ce modèle, regardé un peu sur le Net, sans faire de véritable étude de marché. Je ne me sens pas dans un processus d’identification sociale via le casque (…), mais j’aime le confort son du mien. Il est beau et je l’adore (sourire), il fait partie de mes petits objets du quotidien. Il peut être une barrière dans le tram ou le bus même si je n’ai pas de soucis à l’enlever et à être interrompue dans mon petit monde. Pour l’instant, j’écoute pas mal de rap français -c’est un peu inhabituel- et puis Portishead ou du folk tendance indie, ce que je fais moi-même au sein d’un nouveau groupe, The Cherries. »

Maïwenn 32 ANS, GRAPHISTE

« J’ai mon Urban Ears depuis deux ans, il vaut 65 euros: j’aime son design et sa qualité sonore. Il va bien avec les objets dont je m’entoure, comme mon Mac: des choses épurées, qui visent à l’équilibre. Je viens ici (au Café Belga à Bruxelles, ndlr) deux ou trois matins par semaine, pour travailler trois ou quatre heures sur différents projets: la musique que j’y écoute dépend du boulot, là, je vais faire une affiche pour une soirée, donc l’accompagnement va plutôt être ambiance, sinon, j’aime The Foals ou Slove. Il m’arrive aussi de mettre le casque dans le bus, juste pour me couper des bruits, des gosses qui crient. Et puis, les casques, j’en perds pas mal. Et j’en rachète aussitôt, toujours dans les tons noir/métal. »

Alix 20 ANS, ÉTUDIANTE EN GRAPHISME

« J’ai un peu craqué sur la couleur bleue de mon Urban Way, qui vaut 55-60 euros: j’avais été déçue par mon Wesc qui, au bout de deux ans, a commencé à foirer. Je porte mon casque tout le temps, y compris pendant les travaux pratiques de dessin et de peinture à l’école, et oui, j’écoute la musique très fort, pas mal d’électro, ce qui ne m’empêche pas de me concentrer (rires).

Il m’arrive de causer des casques, des modèles Beats ou Marshall, qui sont un peu meilleurs, mais je ne suis pas prête à claquer 300 euros pour en avoir un. Le casque est bien sûr un moyen de s’isoler des autres, dans le tram, d’éviter de discuter lorsqu’on n’en a pas envie. Et puis il y a tout le côté cool rétro de l’objet, qui me ramène à l’époque de mes parents… »

ENTRETIENS ET PHOTOS PHILIPPE CORNET

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