Pourquoi sommes-nous d’éternels insatisfaits (carte blanche)

FocusVif.be Rédaction en ligne

Dans La tentation artificielle, paru lors de la rentrée de septembre chez Actes Sud, Clément Camar-Mercier imagine l’éradication de l’espèce humaine par l’intelligence artificielle. Un roman d’anticipation à l’ironie grinçante qui jette un œil féroce et flippant sur un futur possible.

Si nous avions eu le feu et la parole, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu la roue et l’écriture, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu l’imprimerie et le moteur à vapeur, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu l’électricité et la bombe atomique, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu la radio, le vaccin et la télévision, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu Internet et la conquête spatiale, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu la médecine, les droits de l’homme et la machine à laver, cela ne nous aurait
pas suffi.
Si nous avions eu la boussole et le GPS, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu la démocratie, les réseaux sociaux et la carte de crédit, cela ne nous aurait pas
suffi.

Si nous avions eu le plastique, les concept stores et le café à emporter, cela ne nous aurait pas
suffi.
Si nous avions eu les stories Instagram, l’autofiction et les désodorisants pour voiture arôme
lavande éternelle, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu ChatGPT, les coordinateurs d’intimité et William Shakespeare, cela ne nous
aurait pas suffi.
Si nous avions eu la réalité augmentée, l’administration française et le fer à lisser, cela ne nous
aurait pas suffi.
Si nous avions eu le parti communiste, le grille-pain connecté et le frigo qui parle, cela ne nous
aurait pas suffi.

Si nous avions eu les influenceuses spirituelles, l’intersectionnalité et les coachs sportifs, cela ne
nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu les emojis caca, les paillettes biodégradables et les baskets auto-laçantes, cela
ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu le burger végétal imprimé en 3D, les accroches pour iPad sur poussettes et le
réveil qui s’enfuit sur roulettes, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu le distributeur automatique de lait maternel, les quotas diversité et les
chaussons chauffants, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu le Botox, le filtre beauté et le canon à selfies, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu les algorithmes, les tétines pour adultes et la conscience écologique en kit, cela
ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu la reconnaissance faciale, les tote-bag Che Guevara et les camps de
rééducation numérique, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu la Bible, les ecstas et l’écriture inclusive, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu les godes ventouses, la sophrologie et les croquettes véganes, cela ne nous
aurait pas suffi.
Si nous avions eu les claquettes-chaussettes et la rentrée littéraire, cela ne nous aurait pas suffi.
Si nous avions eu le téléphone intelligent et ça suffit pour terminer.

Clément Camar-Mercier

Le titre est de la rédaction. Titre original: Sur nos coeurs endurcis

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