Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Bruxelles ressuscitée – Avec Bruxelles Capitales, le photographe Charles Paulicevich met à jour a « charge vitale » de la ville. Merci pour elle, on la croyait six feet under.

Galerie Bortier, 55, rue de la Madeleine, 1000 Bruxelles. Du 04/09 au 26/09.

A sa décharge, on s’y promène sans plus la regarder. Cette ville de tous les jours qui s’efface derrière des réalités très concrètes: se rendre au bureau, aller au resto, rentrer chez soi, se payer un cinéma… Du coup, elle se fait toile de fond, long ruban monochrome qui défile. Un mode métro-boulot-dodo néfaste qui achemine doucement vers la tombe. Le point de vue insider brosse en conséquence un portrait sans complaisance fait de zombies arpentant un périmètre urbain que l’on qualifierait volontiers de Bruxelles-la-morte. Vu de l’extérieur, ce n’est pas toujours mieux. Bruxelles apparaît comme la cité administrative par excellence, lieu d’infinies tracasseries kafkaïennes. Machine désincarnée, elle traîne en plus une physionomie pas évidente de bric-à-brac architectural. Cette grise mine n’en finit pas d’inquiéter. Il fallait donc un bon docteur qui applique d’urgence les électrochocs de son regard pour nous permettre de lui retrouver des couleurs.

Ce devait être une pièce rapportée. Un £il aux aguets qui puisse aller au-delà des apparences. Ce sera celui de Charles Paulicevich, Français exilé – comme d’autres avant lui – dans la capitale belge depuis 8 ans. Le photographe originaire de Lyon s’est embarqué dans un projet de longue haleine: appréhender Bruxelles toute une année durant en se concentrant presque exclusivement sur les 3 communes adjacentes au Parlement européen, à savoir Ixelles, Etterbeek et Bruxelles 1000. Gageure. Après 6 mois de pérégrinations et une quarantaine d’images retenues, Paulicevich livre la moitié de son travail à l’occasion de l’exposition Bruxelles Capitales. Son objectif est atteint, qui ambitionnait de  » souligner les écarts poétiques pour exprimer la charge vitale de la ville« . Pour cela, il traque le quotidien au plus proche de sa réalité humaine. Un cabot décolle à la verticale de la rue Neuve, un poney de foire à l’£il inquiétant, un jeune beur dragueur, des boxeurs fourbus, des clubbeurs extatiques, des blacks en pleine ferveur… Pas d’ironie, pas de complaisance, Paulicevich exhume juste une ville au c£ur qui bat. Ouf, on respire, au final, le sang circule bien à travers ces prises de vue aussi éclatées que peut l’être le kaléidoscope de cette réalité urbaine inespérée.

www.charlespaulicevich.blogspot.com

Michel Verlinden

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