Brancusi contre États-Unis

© National

Depuis que les artistes plasticiens se sont affranchis de la représentation du réel au tournant du XXe siècle, la sempiternelle question “qu’est-ce que l’art?” n’a cessé d’être posée. L’année 1927 marque un tournant dans le domaine de la sculpture, et les conséquences de l’événement survenu cette année-là vont irradier dans tous les arts. En effet, l’artiste roumain Constantin Brancusi attaque en justice la décision des douanes américaines de lui réclamer, sous forme de taxe, 40% de la valeur d’une de ses sculptures baptisée Oiseau: l’administration estime que l’étrange objet est un bien manufacturé et non une œuvre d’art. La très belle bande dessinée d’Arnaud Nebbache revient sur ce procès historique. Le scénario alterne entre scènes d’atelier à Paris où le sculpteur est en pleine création artistique, discussions animées entre lui et ses amis -en l’occurrence Fernand Léger, peintre de la machine par excellence, et Jean Prouvé, architecte et designer-, et le procès proprement dit, suivi à New York par Marcel Duchamp. Comme dit plus haut, les questions abordées durant l’instruction constituent le fondement de l’art moderne: quelle différence existe-t-il entre l’art et l’artisanat? La notion de beauté doit-elle être prise en compte? L’imitation du réel et les concepts d’abstraction doivent-il être mis en concurrence? Quoi qu’il en soit, le dessin de Nebbache est très efficace. Il fait le choix de la stylisation, compromis entre le réalisme et l’abstraction. Les aplats de couleur en bichromie pour les décors et le trait également en deux couleurs pour les personnages est particulièrement réussi. Brancusi contre États-Unis est la première incursion de l’auteur jeunesse dans la bande dessinée adulte.

© National

D’Arnaud Nebbache, éditions Dargaud, 128 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content