Moi, Edin Björnsson
Édith, l’autrice de ce récit, n’est pas croyante et n’adhère à aucune philosophie en particulier. Alors quand une magnétiseuse lui révèle qu’elle est la réincarnation d’un “pêcheur suédois au XVIIIe siècle, coureur de jupons et assassiné par un mari jaloux”, la voilà très intriguée. Le temps d’accepter le fait, elle décide de raconter l’histoire d’Edin Björnsson, ce fameux marin. La vie dans les villages de pêcheurs suédois du XVIIIe n’est pas très différente de celles des Finlandais ou des Normands qu’Edin a rencontrés: elle est rythmée par les sorties en mer, les beuveries au retour et la débrouille en temps de disette. Bref, en un peu plus de 200 ans, rien n’a véritablement changé: métro, boulot, dodo. Si la vie du marin n’a rien d’excitant, édith a le chic pour rendre son personnage ainsi que son entourage hyper attachants. Le voyageur itinérant qui vient un jour frapper à la porte, la mère et la tante d’Edin, la vieille Björnhona et sa médecine… Tous deviennent vivants sous la plume d’édith. L’autrice marseillaise est attirée par le Grand Nord et ses lumières particulières. Son dessin délicat et ses couleurs directes à l’aquarelle rendent admirablement l’ambiance brumeuse et fraîche des soirées d’hiver ou des printemps plus chaleureux. Carl Larsson, célèbre illustrateur suédois de la vie quotidienne, n’est pas très loin. Clotilde Vu, directrice artistique des éditions Oxymore, a apporté à l’ouvrage un soin particulier, dans la maquette, la couverture avec embossage et surimpressions florales. Ceci n’est pas sans rappeler les livres de la fin du XIXe siècle, avec les gardes illustrées et en couleurs à la William Morris. La magnétiseuse s’est peut-être trompée, mais elle aura permis à Edith d’être, le temps d’un album, ce marin… et à nous aussi par la même occasion.
D’édith, éditions Oxymore, 112 pages.
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