Joann Sfar, Dargaud
La Synagogue
208 pages
Avec La Synagogue, Joann Sfar revient sur sa formation spirituelle et politique.
Joann Sfar est un boulimique de travail et il aime taper sur le clou. Que ce soit en bande dessinée -son médium de prédilection-, au cinéma, en littérature ou sous forme de carnets, il décline ses thèmes favoris que sont la religion, le dessin, la famille, la politique, la musique, etc., au risque de perdre quelques lecteurs en chemin. La Synagogue ne déroge pas à la règle: ici, rien de neuf. Il s’agit plutôt d’une remise en dessin des quelques livres parus précédemment. Plus structuré que ses carnets, c’est également une redite de ce qu’il a déjà abordé dans ceux-ci. Mais cela n’a aucune espèce d’importance car Sfar est un merveilleux raconteur d’histoires. Il nous entraîne à l’origine de sa prise de conscience politique, intellectuelle et spirituelle et évoque sa prime jeunesse, lorsqu’il était d’abord terrorisé, puis ennuyé par l’office religieux.
Une réflexion sur la violence
Afin de “payer” sa contribution à sa communauté, il intègre finalement le service de sécurité qui encadre la surveillance de l’édifice, ce qui lui permet de se défouler au cours de krav maga. Rappelons que, dans les années 80, la France subit une série d’attentats antisémites: la bombe devant la synagogue de la rue Copernic, le mitraillage dans des restaurants de la rue des Rosiers et la multiplication de profanations dans des cimetières juifs. Cette période correspond également à la montée de l’extrême droite dans la ville de Nice, montée contre laquelle se bat le père de l’auteur, avocat de son état. Globalement, l’ouvrage consiste en une réflexion sur la violence. C’est également un regard sur l’ensemble de son œuvre. Il conclut par la question: “Mon sujet, c’est l’endurcissement du cœur. J’ignore s’il faut y répondre par des coups de poing ou par des cris… Ou avec des livres.” La réponse est entre vos mains…
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