Les Assiégés
Le monde mafieux, glamourisé par l’industrie cinématographique, a toujours fasciné le commun des mortels. Des séries comme The Sopranos ont ramené l’univers des gangsters vers une réalité plus terre à terre. Les Assiégés est de cette veine-là. Autour d’une barre d’habitations sans charme, devenue catalyseur de toutes les frustrations, converge le destin de petites frappes confirmées ou en devenir. En cette triste journée, l’immeuble voué à la destruction est assiégé par la police, bien décidée à déloger les habitants récalcitrants. Certains désespérés ont même prévu des actions plus radicales, à l’instar de Fausti, dit “le peintre fou”, qui a passé sept ans de sa vie en taule pour le simple vol d’une voiture et a refusé de donner ses complices. Ou de la vieille Esterina, qui ne se remet pas de la mort de son fils, abattu par les forces de l’ordre et qui survit grâce au trafic de cigarettes. Et enfin de Cirù, ado de la cité voisine venu là pour acheter des clopes à sa mère et qui se retrouve coincé dans l’appartement/atelier du peintre dérangé. La destinée de chacun est liée, même celle du commandant de police, prêt à donner l’ordre d’assaut. Le scénariste, par un habile jeu de flash-backs, nous dévoile petit à petit les intentions cachées de chacun. Le dessin fait penser à du Moynot des débuts, l’expressionisme en plus. Sa palette limitée au noir est parsemée, outre de jaune pisseux pour le ciel, de taches de rouge pour le vin dérobé au supermarché, pour le feu des cocktails molotov ou les survet’ des gamins qui traînent. Tout le reste est noir, même le sang qui finit par couler. Ici personne ne gagne, car la victoire, c’est moins de se faire un max de thunes que de rester en vie.
De Stefano Nardella et Vincenzo Bizzarri, éditions Sarbacane, 132 pages.
7
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici