Jean Cremers, éditions Glénat
Le Grand Large
248 pages
Jean Cremers s’attaque ici au difficile deuxième album. Il avait remporté le prix de la BD Fnac Belgique pour sa première bande dessinée, Vague de froid: une autofiction narrant le voyage de deux frères en Norvège, saluée également par la critique. Loin de l’avoir bloqué, ce prix lui permet d’entamer avec confiance la suite de sa carrière. Inspiré par les mangas pour la fluidité des scènes d’action et par un certain Bastien V. pour l’économie du trait, le Liégeois propose cette fois une fiction pleine de rebondissements. Ce n’était pas gagné d’avance car, en dehors des descriptions des tempêtes, de la faim et de la soif sur près de 250 pages, il faut un certain sens de la narration pour emporter le lecteur jusqu’au bout du récit de la dérive d’une gamine abandonnée sur une barque au milieu de l’océan. L’auteur situe l’histoire dans un avenir que nous souhaitons le plus éloigné possible, mais malheureusement inéluctable: au moment de la montée des océans. Léonie, une gamine à peine pubère avec un moignon en guise de bras droit, quitte le cocon familial pour son “rite de passage” vers l’âge adulte. On comprend très vite que les parents dans le besoin prennent ce prétexte pour se débarrasser d’une bouche supplémentaire à nourrir. Et la voilà partie en barque pour le grand large. Vite confrontée à d’autre gamins, elle se rend compte qu’il va falloir se battre pour survivre. Elle va pourtant faire la connaissance de Balthazar, un garçon sourd et muet, et d’Agathe, une “vieille” femme un peu sénile -quand ça l’arrange-, qu’elle va embarquer sur son frêle esquif. Trois, ce ne sera pas trop pour affronter les dangers. Comme annoncé plus haut, il s’agira moins de se débrouiller face à une nature hostile que de se protéger des autres, ceci prouvant, si c’était encore nécessaire, que l’homme est bien un loup pour l’homme.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici