Helena Baumeister, L'Employé du moi
Oh Cupid
104 pages
Comment, au XXIe siècle, les générations Y et Z font-elles pour trouver l’amour et pour les rendez-vous galants? Au tournant du millénaire, Cupidon a dû s’adapter en troquant son arc et ses flèches contre un smartphone dernier cri.
Oh cupid de Helena Baumeister, jeune autrice allemande, tente de nous éclairer sur l’amour au travers de sa propre expérience supposée -la protagoniste porte le même nom que l’autrice. Elle utilise pour ce faire le même principe qu’Alain Resnais dans son film Mon oncle d’Amérique: commenter l’action par des scientifiques, remplacés ici par deux corneilles et un lombric.
Après une séance de swipe et de sélection d’un potentiel candidat, vient le moment du premier rendez-vous. Rien ne nous/lui est épargné: l’excitation avant la rencontre, la gêne des blancs dans la conversation, la volonté exagérée de paraître sous son meilleur jour, le scan de l’aspect extérieur tant physique que comportemental de l’autre, et la sur-analyse des petites phrases anodines et du langage du corps. Le passage à la casserole très doux et respectueux et le lendemain qui, quelle que soit la méthode de la mise en congé, déchante de toutes les manières.
Vient ensuite l’attente d’un nouveau rendez-vous ou la reprise du swipe… Helena Baumeister réussit sa très fine analyse en mettant à distance son expérience « amoureuse » où, par ailleurs, l’amour n’a pas beaucoup droit de cité. Son dessin allégorique faussement naïf épuise toute les possibilités du crayon gris: le trait, le remplissage, le griffonnage, l’étalage au doigt, le traçage à l’aide d’une règle (en dehors des cases). C’est drôle, mordant et bienveillant à la fois.
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