3 BD à découvrir d’urgence
Une adaptation qui explique pourquoi les machines ne pourront pas (tout à fait) remplacer les cerveaux humains, de la science-fiction au découpage nerveux avec des personnages « en Lego version molle » et un atelier théâtre dont on ne ressort pas indemne: nos trois BD du moment.
Cerveaux augmentés (humanité diminuée?): une BD sur l’impossibilité de remplacer le cerveau par la machine
Les adaptations d’œuvres littéraires font désormais partie du paysage du 9e art. Dans Cerveaux augmentés (humanité diminuée?), la manière dont Thierry Murat s’est emparé du livre de Miguel Benasayag sur le cerveau augmenté démontre une évolution dans la pratique d’adaptation. L’auteur commente ici plus qu’il n’adapte. Si vulgarisation il y a, cela ne le rend pas moins complexe. Il faut être, avouons-le, très motivé pour parcourir les quelque 184 pages pourtant passionnantes de cet ouvrage. En gros, les auteurs s’emploient à démontrer l’impossibilité de remplacer le cerveau humain par la machine. Suivant la pensée de Leibniz, philosophe allemand du XVIIe siècle, ils décrivent le processus biologique complexe d’un cerveau et surtout son interaction avec le monde et le reste du corps. Ils décrivent également comment l’hyper connexion du monde et les réseaux sociaux ont déjà commencé le travail de sape du cerveau. Ils font le lien entre les régimes totalitaires (la pensée unique) et les promesses technologiques qui nous vendent un cerveau sans défauts inutiles, pourtant source de créativité et d’imagination.
Frontier: road movie interstellaire
La bonne science-fiction pourrait être celle qui a la capacité de projeter notre société dans un futur réaliste tout en pointant les dérives du fonctionnement de celle-ci. Frontier de Guillaume Singelin est de cette veine-là. Biberonné aux mangas et à une certaine culture américaine, l’auteur français imagine trois personnages subissant les violences du monde qui les entoure. Une scientifique qui se fait voler son projet d’exploration spatiale par une grosse boîte qui le détourne pour son propre profit. Un mineur qui n’a jamais connu que la vie en apesanteur artificielle des stations stellaires et les sorties dans l’espace pour aller casser de l’astéroïde. Et enfin, une mercenaire qui loue ses services à des compagnies minières pour aller intimider, bousculer ou plus si affinité, la concurrence. Chacun d’eux a une part d’ombre et des certitudes mal placées et chacun d’eux recherche une forme de rédemption.
Acting Class: un atelier théâtre qui tourne au cauchemar
Ils sont une poignée et n’ont a priori rien à voir les uns avec les autres. Si ce n’est d’avoir tous décidé de se rendre à un atelier de théâtre qui se donne dans le quartier (“les quatre premiers cours gratuits”), et d’être tous, on le comprend vite (et ce sera bien la seule chose que l’on comprendra vite dans cet Acting Class), très fragiles socialement, ou psychologiquement. Il y a là Rosie et Dennis, déjà mal à l’aise après quelques années de mariage et qui tentent très maladroitement de se reséduire; Rayanne, une mère de famille obnubilée par son fils de 3 ans qui va présenter des syndromes d’instabilité mentale; Lou, un ouvrier plein de muscles et pris de terreurs nocturnes; Angel, embarrassée et maladroite, qui fait du lettrage sur des ersatz de Playmobil pour garder un semblant de vie sociale; Gloria, grand-mère perpétuellement inquiète pour Beth, sa petite-fille adulte, qui ne la lâche pas. Et puis encore Thomas, Neil ou Danielle, autres exemples de la classe moyenne américaine à côté de ses baskets, et bientôt à coté de la réalité.
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