Plus fiable qu’un marabout, moins cher qu’une cartomancienne, le cinéma est une boule de cristal redoutable. L’avenir s’y reflète en qualité HD. On pourrait bien sûr dire pareil de la littérature (Jules Verne, Aldous Huxley…), de la bande dessinée (Bilal, Moebius…), du théâtre (Karel Capek – l’inventeur du mot robot -, Jan fabre…), voire – même si on entend déjà s’étrangler la vieille garde – des jeux vidéo ( GTA IV, Fallout 3…). Mais le cinéma surpasse tous les autres dans sa capacité à donner chair au futur, à le rendre presque réel. Là où la « concurrence » distille ses bienfaits par voie orale, la toile administre sa potion en intraveineuse. Logiquement, c’est du côté des films d’anticipation qu’il faut se tourner pour espérer entrevoir ce qui nous attend. Si on ne peut évidemment pas vérifier les prophéties qui jalonnent les réalisations récentes ( I, Robot, The Dark Knight ou encore Banlieue 13), on peut en revanche mettre à l’épreuve les prédictions faites hier simplement en jetant un coup £il dans le rétroviseur. Au hasard, prenons les années 80. ça tombe bien, dans Blade Runner comme dans Akira ou dans Running man – soit quelques beaux uppercuts cinématographiques de l’époque – l’action est située chaque fois à l’horizon 2018. Autant dire demain. Alors, visionnaires ou pas les Scott, Ôtomo et Glaser? Si l’on fait abstraction des tics esthétiques estampillés eighties (combis fluo en latex, crinières aérodynamiques…), la réponse ne fait aucun doute. Sous les sombres présages apocalyptiques – tiens, tiens, un air connu… -, les thèmes qui traversent ces films figurent bien aujourd’hui à l’agenda sociopolitique. Et ne devrait pas le quitter dans les 10 prochaines années. Exemples: la question du clonage qui hante Blade Runner et ses « réplicants » n’est plus seulement de la fiction. Dolly est passée par là… Pas encore de Tyrell Corporation en vue mais on n’en est peut-être plus très loin. La télé toute puissante, vecteur d’émissions où l’on met la mort en scène, sujet entêtant et dérangeant de Running man, a fait des petits avec la téléréalité ou l’agonie cathodique de Jade Goody. Enfin, la guerre nucléaire comme épée de Damoclès radioactive. Après une fausse période d’accalmie, l’atome est de nouveau au centre du jeu géopolitique. Il y a 25 ans, les écrans décrivaient un monde qui tourne à l’envers. Aujourd’hui, ce n’est plus du cinéma…

Par Laurent Raphaël

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