Au loin
Nous sommes au XIXe siècle. Dans le blizzard du Grand Nord, un homme à la stature particulièrement imposante sort nu d’un trou creusé dans la glace. Sous les yeux mi-respectueux mi-moqueurs des passagers d’un bateau pris dans l’étau de la mer gelée, l’homme regagne sa tanière. Il en ressort vêtu de peaux de bêtes et se met à raconter son histoire à un auditoire médusé. Jeune paysan illettré parti de Suède à la recherche de son frère à New York, il s’est perdu en chemin. Débarqué à San Francisco, il va entreprendre la traversée du pays en remontant à pied le courant des pionniers, forgeant peu à peu sa légende. S’il la fait en solitaire, ce ne sera toutefois pas sans rencontres: une famille d’Irlandais chercheurs d’or, une matrone excentrique et sa bande de voyous, un scientifique proche de la folie et amoureux des Indiens, et jusqu’au capitaine du bateau bientôt pris dans la glace. Hernán Diaz, perpétuel étranger, est né en Argentine. Avant de s’installer à New York où il réside depuis 20 ans, il a vécu en Suède et à Londres. La question de la nationalité le taraude donc depuis longtemps. Grand roman initiatique sur fond de conquête de l’Ouest, finaliste du prix Pulitzer 2018, cette poignante et sauvage histoire fait écho aux vagues actuelles de migrations et aux réticences qui les accompagnent.
De Hernán Diaz, ÉDITIONS Delcourt, traduit de l’anglais (USA) par Christine Barbaste, 334 pages.
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