BSF, sous le signe de Jesus

Matthew Irons (Puggy) © Philippe Cornet
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

On a passé la deuxième soirée du BSF sur la Place des Palais entre Black Box Revelation, The Jesus & Mary Chain, Puggy version gospel et quelques VIP comme le nouveau maïeur de Bruxelles.

Philippe Close
Philippe Close© Philippe Cornet

« Une fois par BSF, je décide que c’est la soirée où je peux vraiment me laisser aller à la musique ». Philippe Close, nouveau bourgmestre de Bruxelles, patron du BSF et fan avoué de Motörhead, est enjoué par le décibel libérateur. Sans pour autant éluder la question à 5.000 euros: content d’être maieur à la place de Mayeur? « Mmmmh, y a du boulot. Et puis faut que le PS règle ses rapports avec le fric. » Sur ce, on retourne au concert de Black Box Revelation, duo flamand qui, ce soir, reprend la vieille sauterelle Heart of Gold de Neil Young en trash-rock. Et dispense beaucoup d’énergie binaire, sans pour autant résoudre l’équation du cercle carré: les Dilbeekois Jan Paternoster (…) et Dries Van Dijck, aux chant-guitare et percussions respectivement, exécutent une poignée de morceaux dignes qui n’empêchent pas le duo de buter aux limites de la formule réduite. Comme une version troglodyte de T.Rex qui manquerait simplement de nuances et de textures sur la durée: le public, peut-être 5.000 personnes, frémit peu. « On a toujours du mal à attirer le public flamand », nous dit notre copine attachée de presse du BSF, même si Milow, la veille, a empilé la Flandre heureuse à son concert du Mont des Arts.

The Jesus and Mary Chain
The Jesus and Mary Chain© Philippe Cornet

Dans une édition 2017 où les ventes de billets à la journée semble en hausse, la curiosité de la soirée est d’avoir invité en prime time The Jesus And Mary Chain. Pour rappel, cette sensation écossaise des années 1980/1990, convertissait le vieux mur du son spectorien en bible de larsen misanthrope et célébration d’arrogance noisy. Le noyau central des frères Jim et William Reid, devenant célèbre pour sa légendaire mauvaise humeur sociétale, apparemment encore de mise au BSF: « La chargée de prod leur expliquait où se trouvaient les toilettes, le catering et le reste, quand ils lui ont juste répondu « On s’en fout ». » Franchement, on attendait peu, voire rien, des compagnons de Jesus, n’ayant même pas écouté leur premier album en dix-neuf ans paru cette année, Damage And Joy, dont le slogan orne le fond de scène. Et à voir la trogne légèrement constipée de Jim Reid plus le look Pedro Almodovar de William, la soirée s’annonçait riche en huile de foie de morue. Pourtant, les frères plus un batteur, un bassiste et un second guitariste -version gothique de Benjamin Biolay- devant quelques milliers de personnes qui n’ont qu’une idée sommaire de leur curriculum, vont faire briller les vieux pavés bruxellois. Le son en douche sale continue, idéalement mixé à la cosaque, discipline d’anciens morceaux comme April Skies et Some Candy Talking, tout en reluquant le dernier disque et I Hate Rock’n’Roll -un titre de 1995- que les larsenistes honorent avant de foutre le camp de la scène laissée à une fuite majeure de feedback.

Puggy
Puggy© Philippe Cornet

Est-ce la mélancolie qui mine les déclarations de haine apparente? Ou simplement les cendres radioactives d’une délicieuse époque révolue? On a aimé ce qui sera possiblement le grand moment rock du BSF 2017, question d’incandescence intemporelle fougueuse. Le public de ce 13 août est d’abord venu pour Puggy qui, raccord avec les confluences mystico-religieuses de la soirée, s’accompagne d’une chorale gospel black dont les virtuosités vocales chocolatent agréablement sa pop. Pour la meilleure des sensations conviviales et une ouverture possible à d’autres ambitions, plus charnues. Et comment se prénomme le chef de chorale? Ben, Ange.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content