Dour J3: Moonlandingz met le paquet

Moonlandingz à Dour © Olivier Donnet
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

La fureur de Cocaine Piss, la niaque de Little Simz, les perruques de Mountain Bike et la clinche de Moonlandingz… Friday, I’m in Dour.

C’était sur papier la journée la plus faiblarde du festival et elle l’a été. Mais ce n’est pas non plus comme si vendredi Dour s’était ennuyé. Synthpunk is not dead… Pour entamer nos pérégrinations, sur le coup de 14h30 (et encore on est matinaux), c’est au Labo que ça se passe avec les deux sauvages du Prince Harry. Une guitare, un synthé… Pour son troisième concert sur le site de la Machine à feu (le premier remonte à 2009 déjà), son nouvel album Synthetic Love sous le bras, le duo liégeois envoie du bois. Clair que dans le genre à fond les ballons et sans répit, les garçons savent y faire.

L’énergie est là aussi à la Caverne. Twin Peaks, aucun lien familial avec David Lynch, vient de Chicago. Emmené par Cadien Lake James, dont le frère Hal était batteur des Smith Westerns, le quintet de l’Illinois se promène entre classic rock et power pop. Il y a du Weezer, du Lou Reed, du Tom Petty et du Pavement. Des refrains efficaces et accrocheurs… Le tout avec des têtes de collégiens américains et un batteur joufflu. Une poignée de fans (ou pas) sautillent au pied d’un drapeau allemand. Pas vraiment la grande foule.

Début d’après-midi transformiste. Arturo Brachetti, sors de ces corps… Les garagistes pop franco tournaisiens de Mountain Bike ont sorti les perruques et un son moins gentillet que sur leur dernier disque. I Lost my Hopes in Paradise, This Lonely Place… Ca doit méchamment gratter là-dessous. Lias Saoudi lui ne s’encombre pas trop et voyage léger. La première et dernière fois qu’on avait vu le leader de la Fat White Family avec Moonlandingz, le Londonien se promenait le cul à l’air avec un collier de perles qui lui pendouillait entre les fesses et un sac poubelle en guise de cape pour faire super-héros. Cette fois, le bonhomme arrive en robe courte et moulante. Puis aussi sans culotte, en mode Mallaury Nataf. La vue est imprenable… Dans Moonlandingz, qui l’a vu s’acoquiner avec le groupe de Sheffield Eccentronic Research Council, Saoudi incarne Johnny Rocket. Une rock star perverse, narcissique et suicidaire. Parfait pour le meilleur et plus excité frontman de la scène anglaise. L’album est assez fourre-tout et bien cinglé. Le concert aussi. Dour a du mal à se réveiller. Heureusement, il peut compter sur Aurélie Poppins et Cocaine Piss pour le wake-up call… Il dure pas longtemps mais difficile de le rater. La riot Grrrl s’égosille, hurle comme si sa vie en dépendait. Il y a quelque chose de libérateur. Un truc qui tient de la purge. Vide de toute la hargne, de tous les soucis, de toutes les tensions. On n’avait pas encore vu le public dourois aussi déchaîné devant des guitares depuis le début du festival. Autant en profiter parce que ce n’est pas vraiment leur jour. D’autant que certaines ont mal tourné comme celles de The Kills. Et qu’on a toujours autant de mal avec la voix de Kazu Makino et les aventures de Blonde Redhead.

Mountain Bike à Dour
Mountain Bike à Dour© Olivier Donnet

Girl power mais côté hip hop cette fois. Do you wanna see a dead body? Flanquée de son DJ, qui a lui aussi un solide flow, la protégée de Damon Albarn Little Simz est l’une des dernières bonnes surprises de la journée. La fille d’Islington, supportrice d’Arsenal (on ne peut pas tout avoir), est fan de… Lauryn Hill et rappe depuis qu’elle a neuf ans. Du haut de ses 23 piges, avec l’insolence de la jeunesse, Simbl Ajikawo (c’est son vrai nom) se met la Boombox en poche. Sort à l’occasion une gratte. Une belle promesse.

Un peu comme la veille, il est 20 heures et on n’a plus grand-chose dans le collimateur. Two Door Cinema Club? Crystal Castles? Merci. Ca ira. Puis NAS était déjà là en 2014 pour fêter les 20 ans d’Illmatic… Résultat on se promène. Notamment jusqu’à la Red Bull Elektropedia. L’immense boîte de nuit à ciel ouvert avec ses écrans géants et ses lights de dingue. Ici, c’est plein à craquer et il y a encore du monde en train d’arriver. On est loin de la nuit des morts vivants. Des mecs complètement défoncés comme on en voyait partout une fois le soir tombé il y a quelques années. On ne se laisse pas mourir de soif et on ne fume pas que des mentholées mais l’ambiance est cool. Genre les mecs qui passent féliciter ton pote d’être venu avec son gamin encore jeune ado. Si Dour n’est plus le festival du rock, il reste définitivement celui de la vibe…

L’album photo de ce vendredi par Olivier Donnet

Le fil de la journée

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