1 le coup de c£ur

J.F. PL.

In the Electric Mist

de BERTRAND TAVERNIER

Adaptant le romancier américain James Lee Burke, Bertrand Tavernier renoue, dans In the Electric Mist, avec l’inspiration d’un Coup de torchon (tiré pour sa part du grand Jim Thompson). Polar sinueux et hanté, doublé d’un paresseux blues du Sud, le film happe le spectateur dans un horizon crépusculaire, en même temps qu’il restitue joliment l’âme enfouie de la Louisiane. Tommy Lee Jones et John Goodman font le reste, pour un moment de cinéma aussi délectable qu’imparable.

2 le retour

Isabelle Adjani

dans la journée de la jupe

de jean-paul lilienfeld

Isabelle Adjani de retour sur les écrans cinq ans après Bon Voyage, de Jean-Paul Rappeneau, il n’en fallait guère plus pour faire l’événement à la Berlinale. Las! Si l’actrice, méconnaissable, paye incontestablement de sa personne dans le rôle d’une prof de français du secondaire dépassée par les événements, le (télé)film de Lilienfeld adopte, pour unique grille de lecture des maux de la société française, des situations choc qui le font rapidement sombrer dans la caricature. L’anti Entre les murs, en somme.

3 le palmares (I)

Amérique du Sud

Deux films en compétition et trois prix, dont l’Ours d’or et le Grand Prix du jury: le cinéma sud-américain sort grand vainqueur de la Berlinale (qui avait en son temps révélé Walter Salles, avec Central do Brasil, et sacrait, pas plus tard que l’an dernier, le controversé Tropa de Elite, d’un autre Brésilien, Jose Padilha). L’Ours d’or d’une édition fort indécise va donc à La Teta Asustada, de la Péruvienne Claudia Llosa, confrontant, à travers le destin d’une jeune femme souffrant de la maladie du lait de la douleur, le Pérou à son passé récent. Quant à Gigante, de l’Argentin Adrian Biniez, il s’en repart avec le Grand Prix et le prix Alfred Bauer pour son metteur en scène – un auteur dont l’on reparlera, assurément.

4 Le palmares (ii)

Nouveaux talents

Dans une compétition bipolaire, partagée entre nouveaux talents et auteurs établis, le jury présidé par Tilda Swinton a clairement opté pour les premiers. Grand Prix, ex aequo, et prix d’interprétation féminine pour Birgit Minichmayr, à Alle Anderen (photo), deuxième film de l’Allemande Maren Ade; prix de la mise en scène à l’Iranien Asghar Farhadi pour Darbareye Elly; prix du scénario à l’Américain Oren Moverman pour The Messenger; Ours d’argent pour une contribution artistique exceptionnelle à Katalin Varga, de Peter Strickland: la Berlinale a ostensiblement salué une nouvelle génération. Se glissent également au palmarès, London River, de Rachid Bouchareb, par l’entremise de son acteur, Sotigui Kouyate, et Tatarak, d’Andrzej Wajda, qui partage le prix Alfred Bauer avec Adrian Biniez.

5 bigger than life

Rétrospective 70 mm

Une rétrospective 70 mm, il fallait assurément oser. De Guerre et Paix, de Sergei Bondartchouk, à Laurence d’Arabie (photo), de David Lean, en passant par 2001: A Space Odyssey, de Stanley Kubrick, et autre Ben-Hur, de William Wyler, le 7e Art a adopté des contours maxi sur les écrans berlinois. L’occasion de redé-couvrir divers chefs-d’£uvre dans des conditions optimales – ainsi du Playtime, de Jacques Tati, dont toute la magie ne peut être appréciée que dans ce format hors normes, et quasiment oublié, faute d’équipements ad hoc…

6 le doyen

Manoel de Oliveira

C’est donc à Berlin que Manoel de Oliveira a présenté son – stimulant – premier film de centenaire, Singularités d’une jeune fille blonde. Cette 59e Berlinale aura été celle des vétérans, présents dans différentes sections. Ainsi d’un Chabrol fêtant ses cinquante ans de cinéma avec Bellamy; d’un Wajda présentant un profond Tatarak, d’un Olmi au meilleur de sa forme documentaire dans Terra Madre. Sans oublier Theo Angelopoulos poursuivant son £uvre dans The Dust of Time – un temps qui semble n’avoir pas de prise sur les cinéastes…

7 creating a shadow

Alfred Hitchcok au travail

Présentée à la Cinémathèque allemande, l’exposition Casting a Shadow s’attache, tout particulièrement, au processus créatif chez Alfred Hitchcock. De l’écriture à la promotion, divers stades de développement d’un film sont envisagés, de précieux documents (dessins, correspondance, extraits…) à l’appui, avec un accent tout particulier sur les liens entre le réalisateur de Vertigo et Berlin, d’une première visite des studios de l’UFA en 1925 aux repérages de Torn Curtain quarante ans plus tard. L’exposition se prolonge jusqu’au 10 mai.

8 la révélation

Katalin Varga

de Peter strickland

L’un des trois premiers films au menu de la compétition (aux côtés de Gigante, d’Adrian Biniez, et de The Messenger, d’Oren Moverman), Katalin Varga, du Britannique Peter Strickland, conduit le spectateur en Transylvanie, sur les pas d’une jeune femme et de son fils, pour une suffocante histoire de vengeance. Le réalisateur transcende magistralement le genre, pour signer une tragédie champêtre d’une profonde et intemporelle intensité, servie par une mise en scène frémissante.

J.F. PL.

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